Les idées et capacités matérielles influent sensiblement sur le comportement international de la Russie. Ses projets de modernisation militaire sont façonnés par la perception des menaces, la vision de la guerre et les ambitions géopolitiques de ses dirigeants politiques et militaires. En tant que cadre de décision de ces dernier, la culture stratégique russe s’est caractérisée par un élément messianique qui a pris diverses formes au fil des siècles mais continue d’encadrer les campagnes militaires russes dans un langage moral et idéologique : la Russie agit comme un facteur de retenue et un projecteur de stabilité et de sécurité dans un monde de chaos croissant, en travaillant à établir un monde multipolaire. Même si les dirigeants russes ne visent pas l’hégémonie mondiale, ils aspirent à devenir l’un des pôles influent et compétitif dans un monde multipolaire – entendu comme un acteur clé qui co-détermine l’ordre mondial et dont les intérêts sont pris en compte au niveau mondial, du moins sur toutes les questions (et dans toutes régions) définies comme stratégiquement vitales pour Moscou. La popularité parmi les élites russes de l’idée de la Russie comme une « grande puissance » se traduit par la volonté d’utiliser la puissance militaire, le maintien d’une sphère d’influence et la préférence pour les relations bilatérales avec d’autres grandes puissances plutôt que les institutions multilatérales. La vision russe de l’espace est conditionnée par la perception de la menace et la psychologie stratégique née de la vulnérabilité et de l’anxiété stratégiques. Ce sentiment de vulnérabilité stratégique est aggravé par la géographie, la Russie étant facilement accessible par des steppes accessibles. Les ambitions de la Russie en matière de statut sont profondément liées à la réflexion sur les « sphères d’influence » ou « sphères d’intérêt privilégiées ».
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Tewfik Hamel, Ph. D., est chercheur, enseignant, et formateur. Docteur en histoire militaire et études de défense de l'Université Paul-Valéry Montpellier 3 (France), il est chercheur associé au Conservatoire national des arts et métiers (France), à l’Institut d'études de géopolitiques appliqués (France), à l’Initiative pour la paix et la sécurité en Afrique (Sénégal), et à Idées-Afrique (Canada). Il intervient régulièrement dans la presse et les médias francophones et arabophones du Maghreb, et publie en français, anglais et arabe.
Mots-clés : Russie, Ukraine, intervention militaire, culture stratégique, monde multipolaire.
Cet article a été publié dans la Revue des affaires internationales et publiques d’Ottawa (RAIPO), vol. 1, no 2, Londres (R.-U.), Ghazipur, janvier 2024. ISSN 2977-1668 (Online/En ligne).
Mots-clés : Russie, Ukraine, intervention militaire, culture stratégique, monde multipolaire.
Cet article a été publié dans la Revue des affaires internationales et publiques d’Ottawa (RAIPO), vol. 1, no 2, Londres (R.-U.), Ghazipur, janvier 2024. ISSN 2977-1668 (Online/En ligne).
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