Friday 28 August 2020

Outre-Terre : "Virus planétaire - Géopolitique de la Covid-19" (désormais à 15 EUR)

Mise à jour importante : le prix de la publication passe à 15 EUR à partir du 31 août 2023. Le nouveau prix en EUR ainsi que les équivalents en GBP, USD, etc. seront publiés sur les diverses plateformes de vente dans les jours à venir.

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Le numéro 57 de la revue européenne de géopolitique Outre-Terre est centré sur le problème mondial qu'est la Covid-19. Michel Korinman, directeur de la revue, a réuni 22 auteurs sur diverses problématiques de la pandémie : historique, scientifique, politique, économique et, bien-sûr, géopolitique. "Virus planétaire - Géopolitique de la Covid-19", sorti, le 22 juillet 2020, et fort de 247 pages, couvre la réalité et les enjeux dans plusieurs pays : France, États-Unis, Iran, Israël, Arabie Saoudite, Inde, Singapour, Corée du Sud, Chine, Japon et Afrique du Sud.

Le prix du volume est passé de 35,00 EUR à seulement 25,00 EUR ! Il est en vente sur Amazon.fr et sur tous les autres sites d'Amazon (amazon.com, amazon.co.uk etc.).

Le volume est également en vente chez Payhip.com ainsi que chez Apple, Barnes & Noble, Kobo, Scribd, Angus & Robertson et Vivlio.

Les différents articles et le numéro sont en vente, eux, chez Cairn.info.

 


 

 



 

Monday 10 August 2020

Éditorial du numéro 501 – Confins / Outre-Terre (Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale)

By Hervé Théry and Neli Aparecida de Mello-Théry


Ce premier numéro spécial de notre revue reprend la plupart des articles du numéro 56 de la revue de géopolitique Outre Terre, dirigée par Michel Korinman. Celui-ci nous a fait l'honneur et la confiance de coordonner un numéro de sa revue consacrée au Brésil à un moment-clé de son histoire récente, l'élection à la Présidence de la République de Jair Bolsonaro.

Nous avions choisi dès l’origine, avec Michel Korinman, de produire juste après la sortie du numéro d’Outre Terre, un « numéro miroir » en portugais de façon à mettre son contenu à la disposition des lecteurs brésiliens qui ne lisent pas le français : nous avons pensé qu’il serait utile pour eux d’avoir accès dans leur langue à des analyses de leur pays produites par un groupe de scientifiques brésiliens et français qui l’étudient depuis de nombreuses années.

Nous avons seulement laissé de côté certains articles qui n’auraient rien appris à des lecteurs brésiliens, ou plus circonstanciels (comme celui sur l'incendie qui a atteint la cathédrale Notre-Dame le 15 avril 2019, mis en parallèle avec celui qui avait ravagé le Museu Nacional le 2 septembre 2018), ou encore qui appartenaient à des contributions récurrentes dans la revue Outre Terre, mais pas dans Confins, comme celles qui sont demandées à un psychanalyste ou à un/e journaliste.

Les articles qui composent ce numéro ont été demandés par nous à des collègues brésilien/nes et français/es, rédigés pour l'essentiel en janvier-février 2019, dans les premières semaines du mandat du nouveau président. Ils avaient été traduits en français (pour ceux qui ont été originellement écrit en portugais) soit par des collègues français, soit par leurs auteurs quand ceux-ci dominent suffisamment la langue de Molière. Le numéro a ensuite été mis en page à l'Île Maurice (par un Suisse) et publié en Grande-Bretagne aux éditions Ghazipur (par un Mauricien résidant au Canada). Nous vivons tous les jours davantage dans un monde globalisé…


 

 

Pour la suite et l'intégralité de l'éditorial publié, en français, dans le numéro 501 de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsÉditorial du numéro 501 – Confins / Outre-Terre

Pour la suite et l'intégralité de l'éditorial publié, en portugais, dans le numéro 501 de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsÉditorial do número 501 – Confins/Outre Terre


Lula, cible d’envie et de volonté de destruction

By Valton de Miranda Leitão


L’impressionnant flux de haine collective et individuelle émanant d’une bonne partie de la classe moyenne face à la personnalité symbolique de Luiz Inácio Lula da Silva ne peut qu’impressionner l’observateur psychanalytique. Les raisons politico-idéologiques, racistes et nazi-fascistes sont insuffisantes pour expliquer politiquement cette décharge de haine. Les personnes qui ne vivent pas de près cette invasion émotionnelle, quelle que soit leur coloration partisane, sont consternées par ces manifestations passionnées de cruauté, en particulier dans la communication électronique (WhatsApp et Facebook). L’Allemagne, l’Italie et l’Espagne l’ont vécue, avant et après la Seconde Guerre mondiale, mais elles n’avaient pas encore ces médias qui facilitent la manifestation spontanée de la violence. La cible, Lula, a été construite par les médias conventionnels, utilisant le symbole du plus grand dirigeant populaire jamais issu des travailleurs, des ouvriers et des pauvres, des Noirs et des Indiens du Brésil et d’Amérique latine, internationalement reconnu. Je ne m’attarderai pas sur le triste épisode de démantèlement du projet social représenté par cet homme extraordinaire, car je prétends que ses ennemis politiques ont dépassé toutes les limites de la raison dans la poursuite et la destruction de cette cible symbolique.

L’explication psychanalytique de ce bombardement de colère narcissique peut utiliser en guise d’explication les concepts de narcissisme de la différence, d’envie et de pulsion destructrice… 


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Lula, cible d’envie et de volonté de destruction


Brésil, pays de l’attente

By Laurent Vidal


Le Brésil impose aux sciences de l’homme, non seulement la compréhension d’un espace lointain, mais celle d’une temporalité différente, de configurations sociales originales, de pratiques culturelles singulières : on le sait au moins depuis la mission française appelée pour la fondation de l’Universidade de São Paulo, qui comptait entre autres, aux côtés Claude-Lévi-Strauss et Fernand Braudel, le géographe Pierre Monbeig. Cesar César Simoni Santos écrit, à son propos, dans un article dont le titre peut se traduire par « Pierre Monbeig et le vacillement d’une tradition dans les Tropiques » :


« Dans le Nouveau Monde, la dynamique territoriale de l’avancée de la civilisation occidentale, tout en nécessitant de nouvelles ressources théoriques et conceptuelles pour sa propre interprétation, a ouvert un nouvel univers de possibilités dans le domaine disciplinaire de la géographie. […] Pierre Monbeig, confronté au phénomène des franges pionnières [...] a su présenter des pistes insolites face à une nouvelle réalité. [Il] a eu la chance de faire, presque simultanément à la consolidation de la méthode régionale en France, l’expérience d’une réalité hostile à la stabilité des agencements spatiaux, ce qui lui a permis d’examiner en profondeur la légitimité de la méthode qui avait été normalisée par l’habitude disciplinaire de la géographie ». 

 

Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Brésil, pays de l’attente

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie Confins : Brasil, país da espera

La pression chinoise sur le secteur électrique brésilien

By Lucas Coutinho


En cinq ans, les Chinois sont devenus les principaux agents non gouvernementaux du secteur électrique brésilien (Economic Value, 2016). La Chine est devenue le principal partenaire commercial du Brésil depuis 2009 et, outre les conséquences de ce changement quant à la désindustrialisation du pays, l’économie brésilienne est confrontée à un choc de privatisation. Dans ce contexte, le capital chinois apparaît comme l’un des principaux acteurs intéressés par l’achat des infrastructures énergétiques du Brésil.

La politique chinoise de stratégie économique mondiale Go Out, lancée à la fin des années 1990, vise à exporter le capital chinois dans le monde entier, afin de soutenir les ambitions chinoises d’occupation géopolitique du globe (Medeiros, 2015). Le volume des sorties de capitaux a augmenté presque chaque année, à partir de 1999, pour atteindre près de 2 000 milliards de dollars dans 152 pays (AEI, 2019).
Le Brésil figure parmi les pays qui ont reçu le plus d’entrées de capitaux chinois derrière les États-Unis (1er : 182 milliards de dollars), l’Australie (2e : 111) et l’Angleterre (3e : 85) : il est 4e avec 64 milliards de dollars (AEI, 2019).

Ces valeurs sont liées aux ambitions économiques de la Chine sur le monde. À l’instar du projet intercontinental connu sous le nom de « nouvelles Routes de la soie » (Belt and Road Initiative), la Chine a conçu un projet d’électrification mondiale (Global Energy Interconnection) qui apparaît sur sur la carte ci-dessous… 


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : La pression chinoise sur le secteur électrique brésilien

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsA pressão chinesa sobre o setor elétrico brasileiro

L’environnement stratégique du Brésil dans les Guyanes : des défis pour Jair Bolsonaro en trois thèmes

By Gutemberg de Vilhena Silva and Eliane Superti


La conjoncture brésilienne est pleine d’incertitudes et sa politique étrangère n’échappe pas à la règle. Au cours des trois dernières décennies, le pays avait opté pour le multilatéralisme, la protection systématique de l’environnement et des politiques publiques de rapprochement avec les autres pays d’Amérique du Sud. Sous la gestion de l’actuel président, Jair Bolsonaro, les premières actions démontrent un changement significatif de l’action interne et externe. Nous proposons d’analyser ici l’équilibre des politiques d’intégration régionale du Brésil en Amérique du Sud puis de mettre en évidence trois problèmes sensibles sujets à des changements de la politique brésilienne et qui pourraient avoir des implications pour la région des Guyanes.

La nécessité de la réintégration compétitive du Brésil et de son repositionnement dans les contextes régional et mondial a été déterminante pour la mise en œuvre de politiques publiques d’intégration du Brésil en Amérique du Sud depuis les années 1990. Ces politiques avaient pour perspective l’ouverture des marchés de l’Atlantique au Pacifique, en créant des canaux de communication pour le Brésil dans les directions est-ouest. Le débat géopolitique sur les zones frontalières du pays a été redéfini et a intégré la dimension économique dans les politiques de défense, de sécurité et de leur revitalisation, terme désormais largement utilisé par les forces armées en matière de frontières. 


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : L’environnement stratégique du Brésil dans les Guyanes : des défis pour Jair Bolsonaro en trois thèmes

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsO Entorno estratégico do Brasil nas Guianas: desafios à gestão do presidente Jair Bolsonaro em três temas

Du gouvernement d’E. Geisel à celui de J. Bolsonaro - 50 ans de résilience des projets hydroélectriques amazoniens

By Céline Broggio and Martine Droulers


Les grands projets d’aménagement s’inscrivent dans une histoire longue de plusieurs décennies, une temporalité bien différente de celle de la vie politique. Il en résulte que ces projets ont à traverser, au cours de leur cycle de vie, une série de contextes successifs dans lesquels se nouent, se dénouent et se renouent les fils de plusieurs phases d’avancée, d’abandon temporaire et de moments de crise.

Le dossier de l’équipement hydroélectrique amazonien illustre parfaitement cette relation à la fois durable et bousculée entre le fait politique et le grand projet d’aménagement. Conçu et mis en œuvre depuis plus de cinquante ans, le programme hydroélectrique amazonien a été porté, avec des hauts et des bas, aussi bien par le gouvernement des militaires à partir des années 1970 que par les gouvernements du Parti des travailleurs au début dans les années 2000. La relance qui s’initie depuis 2018 pourrait bien marquer le début d’une troisième période dans l’histoire de ce dossier.

L’objectif de cet article sera de montrer la résilience des grands projets depuis un demi-siècle et les conditions dans lesquelles leur relance se dessine aujourd’hui.

On utilise ici le terme de résilience appliqué à un grand projet d’aménagement du territoire pour illustrer le fait qu’un aménagement qui s’inscrit dans le temps long ne peut que traverser une série de contextes qui font que son développement ne saurait être régulier ni continu, mais au contraire que l’histoire de sa mise en œuvre connaît nécessairement des phases actives, des moments de rupture et des périodes de latence… 


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Du gouvernement d’E. Geisel à celui de J. Bolsonaro - 50 ans de résilience des projets hydroélectriques amazoniens

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsDe Geisel à Bolsonaro, 50 anos de resiliência dos projetos hidrelétricos da Amazônia

Les routes amazoniennes : un débat géopolitique

By Thiago Oliveira Neto


La construction de routes sert divers intérêts et, lorsqu’elle est matérialisée, elles déclenchent des processus spatiaux qui ont des formes, fonctions, contenus et structures divers en fonction de la performance des acteurs, l’État et les entreprises, qui sont seuls capables de mettre en place ces grandes infrastructures pour faciliter la circulation des informations, du fret, des personnes et des capitaux. Cette circulation mène à une intégration physique du territoire et, pour la géopolitique classique, à un renforcement du contrôle territorial par l’État.

La volonté d’ouvrir ces routes dans la région amazonienne reposait sur une géopolitique classique de matrice ratzélienne, qui a incité l’Armée brésilienne à concevoir et à mettre en pratique un projet d’intégration physique du territoire, souhaitée depuis l’époque de l’Empire.

Pour aborder les rapports entre routes amazoniennes et géopolitique, ce texte est structuré en trois : il souligne d’abord le rôle de l’État dans l’intégration territoriale, puis quelques considérations sur les principales autoroutes de l’Amazonie sont brièvement exposées et enfin les scénarios ouverts par le changement de gouvernement sont évoqués.

Bien que les voies de circulation soient principalement destinées à déplacer des produits, les hommes ne les utilisent pas uniquement pour cela, elles servent également à échanger des idées et sont aussi les moyens d’une intervention directe de l’État.


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Les routes amazoniennes : un débat géopolitique

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsAs rodovias na Amazônia: uma discussão geopolítica

Le nouveau gouvernement et l’Amazonie : recul de la protection environnementale et privatisation de terres publiques

By Paulo Roberto Cunha


Avec cette déclaration à la Chambre des députés, le même Jair Bolsonaro qui allait remporter les élections présidentielles deux ans plus tard (2018), brandissait un discours effarant en hommage au tortionnaire de l’ex-présidente Dilma Rousseff, rappelant les vieux temps de la dictature militaire du pays (1964 - 1985). Depuis le 1er janvier 2019, le Brésil a donc un président de la République qui encense la torture comme solution aux problèmes politiques.

Ce texte analyse la politique de régularisation de l’occupation illégale des terres publiques en Amazonie, créée sous le gouvernement Lula da Silva (2003 - 2011), modifiée sous le gouvernement Michel Temer (2016 - 2018) et, considérant le profil autoritaire et idéologique de Bolsonaro, propose quelques projections pour son gouvernement.

Le Brésil est l’un des rares pays au monde possédant encore de vastes extensions de terres publiques, fédérales, encore non allouées.En 2009, elles totalisaient près de 67 millions d’ha en Amazonie, destinées ni à la réforme agraire, ni à des unités de conservation, ni même à leur reconnaissance officielle comme terres indigènes. Espaces inoccupés ou occupés de façon illégale et sous les conditions les plus diverses, ils sont sources de conflits et entraînant conflits et déforestation. 


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Le nouveau gouvernement et l’Amazonie : recul de la protection environnementale et privatisation de terres publiques

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsO novo governo e a Amazônia: desproteção ambiental e privatização de terras públicas

Une somme sur l’Amazonie brésilienne

By Hervé Théry


François-Michel Le Tourneau, directeur de recherche au CNRS, était parfaitement qualifié pour cette tâche puisqu’il lui a consacré toute son activité scientifique depuis sa thèse, avec un intérêt particulier pour les populations traditionnelles et autochtones et plus spécifiquement, leur rapport à leur territoire. Outre de nombreux articles dans les revues de géographie françaises et internationales, il a publié trois ouvrages et organisé plusieurs expéditions dans des régions isolées d’Amazonie ou de Guyane.
Les premiers mots de son introduction (et de la quatrième de couverture) ont de quoi intriguer : « ‘L’Amazonie’ n’existe pas ». On pourrait dès lors se demander pourquoi il lui consacre ensuite 524 pages, mais ce constat paradoxal n’est là que pour souligner que « la dimension mythique et mythologique de cette région l’emporte souvent sur la réalité géographique », à commence par son nom, « qui fait référence à une légende tirée de l’Antiquité grecque, à mille lieues du contexte de la forêt équatoriale que les voyageurs du XVIe siècle venaient d’aborder… ».

Ce point de départ est un choix car, comme l’affirme l’auteur en introduction, « cette série de contresens sur la nature et le fonctionnement de la région ont rythmé l’histoire de la ‘mise en valeur’ ou du ‘développement’ de l’Amazonie brésilienne à laquelle ce livre est consacré ». 

 

Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Une somme sur l’Amazonie brésilienne

Le Nordeste, déconstruit ou reconstruit ?

By Eustógio Wanderley Correia Dantas


Le Nordeste est la seule région du Brésil qui a donné la majorité à l’adversaire de Jair Bolsonaro, Fernando Haddad, à l’élection présidentielle de 2018. Comment l’expliquer ? À court terme, par une fidélité au Parti des travailleurs (PT), qui a beaucoup fait pour les pauvres de la région sous les mandats de Lula et Dilma Rousseff, mais les raisons sont à chercher plus loin dans le temps. C’est depuis au moins deux siècles, voire plus, une région à part dans le pays, et l’on notera que sa singularité est telle que c’est la seule dont le nom vernaculaire soit passé dans l’usage courant en français, alors qu’il désigne seulement sa situation géographique, au nord-est du pays. L’habitude s’en est prise dans les textes le concernant, avec l’impact du livre de Josué de Castro, « Une zone explosive, le Nordeste du Brésil » (Seuil, 1965), traduction de l’original dont le titre en portugais était encore plus explicite, « Sete palmos de terra e um caixão – Ensaio sobre o Nordeste, zona explosiva» (Brasiliense, 1965). À défaut de savoir ce que le nouveau président fera pour cette région – bien malin qui le sait – on peut du moins analyser comment sa dénomination (qui implique une délimitation) a été construite et se demander si elle est toujours valable ou si elle est déjà déconstruite, voire reconstruite par les évolutions des dernières décennies.

Dans la politique de division régionale mise en œuvre au Brésil à partir de la seconde moitié du XXe siècle (Figure 1), les éléments liés à la construction de l’imaginaire social collectif du Nordeste ont été mis en place avant même sa configuration en tant que région… 


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Le Nordeste, déconstruit ou reconstruit ?

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsO Nordeste desconstruído ou reconstruído?

Le concept de justice spatiale appliquée au Nordeste

By Bernard Bret


Naguère décrit comme une zone explosive par Josué de Castro, le Nordeste constitue encore une région-problème dont les indicateurs économiques et sociaux sont médiocres, sinon mauvais, inférieurs en tous les cas aux valeurs nationales. Malgré les progrès de ces dernières années, pourquoi les Nordestins n’ont-ils pas, en moyenne, les mêmes revenus, les mêmes services publics, les mêmes opportunités d’emploi que les autres Brésiliens ? C’est là une configuration socio-spatiale que la notion de justice spatiale (injustice spatiale, en l’occurrence) peut éclairer.

L’histoire, et non la nature, explique la persistance de la pauvreté dans le Nordeste.

À l’époque du cycle du sucre (XVIe et XVIIe siècles), la plantation esclavagiste y a été la matrice d’une société radicalement injuste, cependant que la logique coloniale organisait le territoire pour y enraciner la dépendance. Les découpages administratifs le montrent encore aujourd’hui : le Pernambouc, bande de terre ouverte sur l’océan à partir d’une étroite façade littorale, relève d’une géopolitique comparable à celle qui, en Afrique, a dessiné plus tard le Bénin ou le Togo. Injustice interne et dépendance externe allaient de pair, cohérentes avec une croissance sans développement, croissance parce qu’augmentait la production de richesse – le sucre de canne – mais sans développement parce que cela installait la grande majorité dans la servitude et la pauvreté.

L’esclavage, certes, a marqué tout le pays. Mais son héritage particulièrement pesant dans le Nordeste a entravé les nécessaires reconversions économiques…

 

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La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsJustiça Espacial

Perspectives pour l’environnement en 2019 : les reculs de la politique gouvernementale


Quelles priorités ont été définies par le gouvernement pour la période 2019- 2022 et quelles sont les perspectives de réduction des problèmes environnementaux au Brésil ? Nous analyserons dans cette perspective le changement de direction des actions à 180° par rapport à celles prises par les gouvernements précédents depuis le retour de la démocratie, en 1989, bien qu’elles aient connu quelques revers, en particulier ces dernières années.

La problématique environnementale fait partie du programme du gouvernement brésilien depuis 1988, résultat d’années de mobilisation des défenseurs de l’environnement, et elle a été inscrite dans la Constitution brésilienne. Bien que cela ne soit pas une priorité, certaines politiques publiques spécifiques telles que celles portant sur la biodiversité, les ressources en eau, les déchets solides, le changement climatique (Mello-Théry, 2017) progressaient lentement. Les avancées légales étaient claires, mais la conscience des responsabilités de chacun (gouvernement, secteur productif, société) patinait et dans les questions minières, aucun progrès n’a été obtenu, sauf dans des situations extraordinaires.

Le pays a pris une position active pour démontrer ses efforts dans la gestion des problèmes sociaux et environnementaux depuis 1988, année où il avait proposé de devenir le pays hôte de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) en 1992. Une position fondée sur le multilatéralisme et prise pour montrer une volonté de jouer un rôle plus influent sur la scène internationale, afin de devenir membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies… 

 

Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Perspectives pour l’environnement en 2019 : les reculs de la politique gouvernementale

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie Confins :  Perspectivas ambientais 2019: retrocessos na política governamental

Puissance et conflits des agricultures brésiliennes

By Eduardo Paulon Girardi and Hervé Théry

 
Un des facteurs essentiels de l’élection de Jair Bolsonaro à la présidence de la République a été l’appui de l’un de trois « B », celui du « Bœuf », les grands éleveurs de bovins, et plus généralement du secteur de l’agrobusiness. En conjonction avec les représentants de la « Bible », les protestants néo-pentecôtistes, et de « Balle » (les partisans d’une politique de répression et d’armement des citoyens) ils ont activement soutenu sa candidature et déjà obtenus des mesures les favorisant, par exemple, le rattachement au ministère de l’Agriculture de la délimitation des réserves indiennes.

Bien que le secteur agroalimentaire ait été largement favorisé sous les gouvernements du Parti des travailleurs, cela indique que cet appui sera encore plus fort maintenant. C’est là un manifeste retour à un passé que l’on croyait aboli : à l’époque coloniale (1500 - 1822) et jusqu’au XIXe siècle, pendant toute la « République du café au lait », le pouvoir politique était entre les mains des barons du sucre, du café et de l’élevage, et quand le système agro-exportateur avait atteint ses limites lors de la crise de 1929, le capital qui avait permis de financer le démarrage de l’industrie de São Paulo était venu des profits du café ou des politiques publiques de rachat des stocks invendus, brûlés dans les locomotives ou jetés à la mer.

Le poids du secteur rural dans l’économie a certes diminué, mais il n’est pas négligeable, notamment dans le commerce extérieur. On dit souvent que le Brésil est devenu la « ferme du monde », comme la Chine est devenue son usine et l’Inde son bureau… 


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La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie Confins : O Brasil em face aos conflitos e violências agrárias


Gouvernement Bolsonaro v. peuples amérindiens : l’épreuve de la Constitution

By François-Michel Le Tourneau

 

Avec l’arrivée au pouvoir d’une force politique ultra-conservatrice et réactionnaire, les plus farouches adversaires des droits (en particulier fonciers) des Amérindiens sont aujourd’hui en position de force. De ce fait, ils cherchent à réaliser l’un de leurs objectifs principaux : l’affaiblissement et si possible la réduction des protections données aux « terres indigènes », qui représentent aujourd’hui 13,76 % du territoire du Brésil. La position des peuples amérindiens est aujourd’hui critique. Entre les évangéliques qui veulent sauver leurs âmes au prix de leur culture, les tenants du lobby rural qui guignent leurs terres pour les exploiter et une série de généraux réactionnaires qui veulent croire à un complot international pour démembrer le Brésil, ils sont l’objet d’une vindicte profonde, idéologique et (mal) dissimulée sous un paternalisme mielleux. Leur seule bouée de sauvetage provient du fait que les droits dont ils bénéficient sont inscrits dans la Constitution adoptée, en 1988, si bien qu’il sera difficile au gouvernement de revenir dessus par simple décret. Pour autant, la guerre est déclarée et le combat s’annonce rude.


L’objet de cet article est d’abord de faire le point sur ce qui est en jeu, notamment en rappelant les fondements juridiques de l’existence des territoires amérindiens et en précisant leur extension et leur répartition à l’heure actuelle. Nous reviendrons ensuite sur le contexte idéologique du nouveau gouvernement fédéral et sur les premières mesures prises par celui-ci, qui démontrent clairement à quel point la nouvelle orientation se veut agressive et en rupture avec le passé…



Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Gouvernement Bolsonaro v. peuples amérindiens : l’épreuve de la Constitution

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie Confins : O governo Bolsonaro contra os Povos Indígenas: as garantias constitucionais postas à prova

Geopolitics Event

Hervé Théry : Quelle géopolitique du Brésil sous Bolsonaro ?