La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie Confins : Quo vadis Brasil? Quais são as perspectivas econômicas de um gigante enfermo?
Friday 26 June 2020
Quo vadis Brésil ? Perspectives économiques d’un géant malade
La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie Confins : Quo vadis Brasil? Quais são as perspectivas econômicas de um gigante enfermo?
Le même et l’autre
Avec ou sans Bolsonaro, que propose ce conglomérat hétérogène de personnes face au défi d’une économie qui stagne depuis des années ? D’une société de plus en plus inégale et violente ? Et d’un peuple de plus en plus pauvre et sans espoir d’avenir pour ses enfants et ses petits-enfants, lesquels quittent le pays ? Dire qu’il s’agit un gouvernement d’extrême droite, populiste et à tendances fascistes ne répond pas automatiquement à notre question, car de nombreux gouvernements situés dans des endroits variables de la planète se définissent aujourd’hui de la même façon et sont totalement différents les uns des autres.
Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Le même et l’autre
Le Brésil face à un avenir incertain
By Paul Claval
La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie Confins : O Brasil enfrenta um futuro incerto
Une comparaison de deux incendies et des réactions qu’ils ont provoquées
By Hervé Théry
Relations Inde-Maurice : jusqu’où ira le « chotabharatisme » ?
By Shafick Osman
L’Inde et la domination de l’océan Indien : les îles comme pièces maîtresses
By Christian Bouchard
Diplomatie navale de l’Inde dans l’océan Indien
By Vallabhu Srilatha (translated by Valeria Ferretti and
Shafick Osman)
L’océan Indien, troisième plus grand océan du monde, comprend quarante-huit États côtiers et insulaires, dont dix-huit en Afrique, onze au Moyen-Orient, sept en Asie du Sud, six en Asie du Sud-Est, cinq États insulaires et l’Australie.
Au milieu de l’océan Indien, l’Inde surplombe dans la région les lignes de communications maritimes (SLOCs) ; sa proximité aux points d’étranglement (choke points) de la région de l’océan Indien (ROI) et sa forte dépendance à l’océan en ce qui concerne ses ressources énergétiques et son commerce la rendent vulnérable tant sur les plans conventionnel et non conventionnel qu’aux défis sécuritaires. La Marine indienne a été parmi les premières à reconnaître les implications de la réorientation plus internationale du pays au début des années 1990. La situation a évolué et l’Inde est passée de la période du non-alignement à une collaboration avec les grandes puissances, les acteurs régionaux et les petits États du littoral de l’océan Indien.
Rivalités océaniques entre l’Inde et la Chine
By Gilles Boquérat
Wednesday 24 June 2020
Inde - Afrique : l’échelle intercontinentale
By Nathanaël Herzog
Le partenariat stratégique entre l’Inde et Israël
By Efraim Inbar (translated by Laurent Amelot)
La dynamique des relations entre Inde et Russie
By Himani Pant (translated by Esther Feingold)
Dans les années 1950, l’Union soviétique commença à réorienter son attention vers l’Asie du Sud afin de contrebalancer l’influence des États-Unis dont elle avait le sentiment qu’ils « attrapaient l’un après l’autre les pays d’Asie faibles et dociles pour les accrocher à leurs wagons ». Dans le cadre de cette quête d’influence elle avança aussi bien avec l’Inde qu’avec le Pakistan.
Le facteur Chine joua également un rôle important dans la consolidation des relations indo-russes. La rupture sino-soviétique devenant tangible dans les années 1960. Et ce alors que l’Inde avait son propre lot de désaccords avec la Chine. Au fur et à mesure que les relations sino-soviétiques se détérioraient, l’Urss trouva dans l’Inde un partenaire de bonne volonté. Qui plus est : l’Inde était aussi bien préoccupée par l’aide US au Pakistan ainsi que la présence des États-Unis dans l’océan Indien (base aérienne et navale US sur l’île de Diego Garcia).
L’Inde et l’Otan : quel partenariat ?
By Sébastien Goulard
D’autre part, les États-Unis, notamment sous l’Administration de Donald Trump, semblent considérer l’Inde comme un partenaire stratégique très proche au même titre que certains membres de l’Otan. Sans parler d’une adhésion de Delhi à l’Otan, pourrait-il avoir un rapprochement entre l’Inde et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ?
Les partenariats stratégiques de l’Inde avec la Chine et les États-Unis : l’impossible équilibre ?
By Isabelle Saint-Mézard
Monday 15 June 2020
Les relations nippo-indiennes dans l’ère de l’Indo-Pacifique
By Noemi Lanna (translated by Esther Baron)
L’assistance affectée par le Japon continue d’avoir un poids significatif : l’Inde occupe toujours le premier rang sur la liste des pays destinataires d’aides publiques au développement (ODA) japonaises sous forme de prêts et, à l’occasion du sommet tenu en septembre 2014, le Japon s’est engagé à réaliser des investissements (y compris les ODA) pour une valeur de 3,5 trillions de yen dans les cinq années à venir. Il s’agit d’un objectif qui ne sera pas difficile à atteindre si l’on considère que les investissements directs étrangers du Japon, en Inde, qui s’élevaient à un peu moins de 29,8 milliards de yen, en 2005, frôlent actuellement les 500 milliards (465 en 2016). Toutefois, à la différence de ce qui advenait il y a quelques décennies, l’assistance ne constitue qu’un des cadres d’interaction entre les deux économies. La signature du Comprehensive Economic Partnership Agreement entre les deux pays (février 2011) a multiplié les opportunités de coopération, favorisant une augmentation du commerce. Entre 2005 et 2016, le volume des échanges de l’Inde avec le Japon a quasiment doublé et celui du Japon avec l’Inde à peu près triplé.
Inde-Corée : la route n’est plus si longue
By Maurizio Riotto (translated by Esther Baron)
« Je suis une princesse du pays d’Ayut’a. Mon nom est Hŏ je suis âgée de seize ans. Cinq mois auparavant le roi mon père et la reine ma mère me dirent : ‘La nuit dernière nous avons vu en rêve le Seigneur du Ciel qui nous a appris que le roi Suro de Karak était était descendu sur terre par son ordre et que c’était un homme saint et animé de l’esprit divin. Celui-ci avait depuis peu édifié son propre État et n’a pas encore élu une compagne ; voilà pourquoi le Seigneur du Ciel nous a dit de t’envoyer toi, afin de devenir sa reine’ ».
Delhi vu de Pékin
By Zhang Yike
L’emprise financière de la Chine sur Sri Lanka : quelles implications pour l’Inde ?
By Laurent Amelot
Le deuxième est lié à la gestion d’une même communauté ethnique chez les deux voisins mais susceptible, chez le puissant, du fait de son poids politique intérieur, d’influencer la direction et la conduite de la politique étrangère et, chez le petit État, de représenter une force en quête d’autonomie, capable de remettre en question les fondements de l’unité et de la souveraineté nationale, ainsi que l’intégrité territoriale. Cette attitude est de nature à conduire le petit État à percevoir son puissant voisin comme une menace. Le troisième participe de la capacité du petit État à se détacher de son face-à-face inégal avec son puissant voisin par un rapprochement avec un ou plusieurs acteurs extra-régionaux afin de rééquilibrer son lien bilatéral avec la puissance régionale locale sans toutefois devenir dépendant de l’un des acteurs extra-régionaux, devenu son nouveau partenaire.
L’Arakan, une situation typique de frontière
By Alexandra de Mersan
Le drame le plus récent s’ajoute à d’autres qui eurent cours depuis la Seconde Guerre mondiale, provoquant également de massifs mouvements de populations de part et d’autre de la frontière.
La récurrence de ces affrontements incite à examiner plus attentivement cette situation de frontière et la création de celle-ci en lien avec la construction de la nation birmane.
Il s’agit de comprendre le double processus conjoint de construction de frontières raciales et nationales, initié à l’époque coloniale, à l’issue duquel la race, on dira ensuite l’ethnie, est devenue une dimension prédominante dans les appartenances et dans les conditions d’accès à la citoyenneté et au cours duquel les musulmans d’Arakan, progressivement marginalisés, sont devenus étrangers puis exclus de l’espace national. Ce legs colonial qui perdure éclaire en partie la situation contemporaine. Un détour par l’histoire permet d’en appréhender certains aspects.
Inde - Pakistan : sept décennies de méfiance, de défiance et d’opportunités perdues
By Olivier Guillard
Il y a de cela soixante et onze ans, à l’été 1947, après deux siècles d’une omnipotente présence commerciale, politique et coloniale dans le sous-continent indien, la couronne britannique, éreintée par la Seconde Guerre mondiale autant que consciente de l’irrésistible appétence des peuples pour la décolonisation, décidait enfin de dissoudre son British Raj en Asie méridionale et de laisser aux populations locales le soin de décider de leur quotidien, de façonner leur futur. Une décision politique de bon sens mais exécutée dans une précipitation coupable aux conséquences lourdes, sur laquelle nous reviendrons plus loin ; un retrait opéré dans des conditions passables expliquant – pour partie seulement – le cadre maussade (quand il n’est pas critique) dans lequel évolue encore au printemps 2018, trois générations d’homme plus tard, le « couple » indo-pakistanais. À contretemps et contre-emploi d’une mondialisation qui, en ce XXIe siècle achevant déjà sa seconde décennie, imposerait logiquement à ces deux mastodontes – 1,5 milliard d’habitants à eux deux – prometteurs mais bornés, après avoir tant partagé des siècles durant, de mutualiser leurs moyens et potentiels respectifs pour un bénéfice mutuel. Ce serait hélas faire fi d’une litanie de drames – à commencer par ces quatre conflits dont le dernier remonte à moins de vingt ans –, de contentieux (nous reviendrons plus longuement sur la thématique effervescente de la souveraineté de l’ancienne Principauté du Cachemire) et d’une succession d’événements douloureux, délicats si ce n’est impossibles à oublier, à pardonner.
Extrémisme violent au Bangladesh
By Shahab Enam Khan (translated by Sébastien Goulard)
Situation paradoxale que celle du Bangladesh. Par exemple : le Commonwealth Youth Development Index (YDI) présente l’histoire du pays comme une success story en matière de développement économique et d’évolution de la jeunesse. Elle cependant aussi marquée par des dysfonctionnements. Le Bangladesh est 84e sur 170 de sa liste en fonction de 5 critères clefs : éducation, santé et prospérité, emploi, participation à la vie politique et participation à la vie civique. Et ces opportunités ne sont pas également répandues dans tout le pays. Un nombre croissant de Bangladais sont déconnectés de leur famille et de leur communauté, exclus d’une prospérité et de ressources partagées de façon disproportionnée ; ils éprouvent du ressentiment contre les pratiques politiques existantes et la détérioration de l’État de droit. Le processus de radicalisation s’est fait persistant au cours des quatre décennies précédentes, sinon plus tôt, et à trois niveaux : l’État, la société et, bien sûr, les individus.
L’avenir géo-démographique de l’Inde. Perspectives géopolitiques et géoéconomiques
By Alfonso Giordano
Par contre ces deux tendances – natalité et mortalité –, même si elles ne devaient pas être conformes à l’évolution prévue, ne pourraient pas à court terme transformer de manière considérable le tableau de l’Inde en 2040. Et du moment où les tendances migratoires internationales n’influeront pas sensiblement sur l’évolution de la population indienne, ce seront l’actuelle pyramide des âges et les perspectives assez prévisibles et, comme nous l’avons dit non déterminantes à court terme, de la fécondité et de la mortalité qui modèleront substantiellement les futurs contours géo-démographiques du pays. Ce qui exclut naturellement une catastrophe quelconque, actuellement inimaginable.
L’innovation en Inde : évolution des produits et processus vers des « business models »
By Basudeb Chaudhuri
En général, la capacité d’innovation d’un pays ou d’une entreprise se mesure par le nombre de brevets obtenus. Pendant la période 2002 à 2015, L’Inde occupe la 19e place, loin derrière les pays avancés ou les pays comme la Chine ou la Corée du Sud. De plus , 78% des demandes de brevets sont déposées par des Indiens non-résidents en Inde, ce qui réduit encore la portée de l’innovation autochtone, mesurée par cet indicateur important. Néanmoins, si on inclut dans la définition de l’innovation non seulement les connaissances scientifiques et technologiques incorporées dans des services ou des produits, mais aussi un ensemble d’applications ou de pratiques, de changements de méthodes d’organisation ou de gestion, ou encore la création de valeur ajoutée avec peu de ressources, on constate que l’Inde se distingue par sa créativité et son esprit d’innovation à de nombreux égards technologiques, managériaux et organisationnels.
Agriculture en Inde : les activités connexes ont dépassé le secteur traditionnel
By Baadr Alam Iqbal (translated by Sébastien Goulard)
L’agriculture, qui est le secteur le plus important de l’économie indienne, ne se porte pas bien et fait face à une crise de croissance et de développement. Ce secteur a enregistré une croissance très faible de 1,8%, bien loin de l’objectif des 4% pour soutenir l’économie du pays.
LA PRIMAUTÉ DE L’AGRICULTURE
L’entreprise indienne et ses mutations
By Basudeb Chaudhuri
Les familles Tata et Birla ont été largement présentées dans des travaux sur l’Inde, le rôle de ces deux groupes dans le développement industriel de l’Inde au XXe siècle étant largement connu ; notamment celui de Birla dans le soutien au mouvement d’indépendance de Gandhi ; l’oeuvre philanthropique des deux groupes ; ainsi que la fonction pionnière de Jamsetji Tata dans l’acier et de son successeur JRD (Jehangir Ratanjir Dadabhoy) Tata dans l’aéronautique.
Dans ce récit sur le développement économique, on fera leur place à l’orgueil et au récit national précisément incarnés par les noms de Tata et de Birla lesquels voulaient démontrer la capacité entrepreneuriale des Indiens comme défi à la domination coloniale ; un siècle plus tard, le rachat des sociétés britanniques Corus (l’acier) puis de Jaguar et Land Rover par Ratan NavaiTata, le successeur à la tête du groupe Tata, fut perçue en Inde comme une revanche sur l’empire britannique.
Démonétisation, l’agenda caché du gouvernement indien
By Cyril Fouillet, Isabelle Guérin, Jean-Michel Servet
Le 8 novembre 2016, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a annoncé la démonétisation quasi immédiate de tous les billets de 500 et 1 000 roupies (équivalant respectivement à 6,85 et à 13,7 euros) et l’introduction d’une nouvelle série de billets de 500 et 2 000 roupies. La population de ce pays, dont un quart des 1,3 milliard d’habitants est illettré, avait jusqu’au 30 décembre (moins de deux mois) pour échanger ces billets en agence bancaire ou à un bureau de poste. L’Inde avait déjà expérimenté une démonétisation d’une partie de ses coupures en circulation. Mais jamais avec une telle ampleur.
En janvier 1946, par décision du Raj britannique (le régime colonial britannique), la Banque Centrale Indienne (RBI) avait retiré les billets de 1 000, 5 000 et 10 000 roupies alors en circulation. L’objectif était de combattre les faux-monnayeurs. Même si une rumeur provoqua une certaine panique en annonçant le retrait des billets de 100 roupies, beaucoup plus utilisés, ce qui s’avérera une fake news, cette démonétisation affecta peu une population n’utilisant pas, dans sa très grande majorité, de coupures à dénomination aussi élevée. Quelques années plus tard, Chintaman Dwarakanath Deshmukh, gouverneur de la RBI de 1943 à 1949, déclara qu’il s’était plus agi d’une conversion que d’une démonétisation.
Le processus de démonétisation en Inde
By Gian Paolo Caselli (translated by Julien Hautefort)
En peu d’années, de 2015 à 2017, le gouvernement indien a tenté de moderniser l’économie avec trois mesures législatives structurelles. La première mesure se proposait de moderniser le système de circulation monétaire à l’intérieur et introduisait dans le même temps une réforme fiscale qui unifiait le régime des impôts indirects en le soustrayant à la jurisprudence des États. Les deux autres mesures entendaient contraindre les citoyens à détenir moins de richesses en or ou en comptant. En novembre 2016, le gouvernement de New Delhi a éliminé la fonction de moyen d’échange des billets les plus répandus, ceux de 500 et 1 000 roupies de la série Mahatma Gandhi. Le 8 à minuit ces billets furent mis hors circulation et remplacés par de nouveaux billets de 500 et 2 000 roupies. Le but de la mesure était de faire lumière sur l’énorme quantité de ressources clandestines détenues en comptant.
Le Premier ministre, dans le discours où il annonçait le lancement de ce processus, déclarait ses objectifs : une démonétisation de l’économie en tant que « guerre contre la corruption, l’économie clandestine et le terrorisme qui portent des blessures à une économie en général du même coup affaiblie ». L’intention du gouvernement était d’empêcher l’utilisation des billets en question, vrais ou faux, qui servaient à financer des activités illégales ou même terroristes. L’opération était d’une grande importance car les deux billets représentaient 86% du comptant en circulation. L’Inde ayant un système fondé presque entièrement sur le comptant : de toutes les transactions seulement 20% s’y effectuent par la voie digitale ou bancaire, par comparaison avec les 40% dans d’autres grands pays comme le Brésil ou la Chine.
La finance en Inde, objet d’expérimentations comportementales
By Jean-Michel Servet
L’Inde est-elle une grande puissance ?
By Alain Lamballe
« L’Inde est-elle une grande puissance ? ». Il y a lieu en effet de
s’interroger sur cette Inde qui nous interpelle, dont on parle de plus
en plus mais moins que de la Chine il est vrai.
J’aborderai en première partie les forces de l’Inde susceptibles
d’en faire une grande puissance et dans une seconde partie j’analyserai
ses faiblesses qui pourraient l’empêcher d’en être une.
En conclusion nous ferons un bilan : l’Inde est-elle une grande
puissance sur la scène mondiale ou l’est-elle seulement au niveau
régional ? Qu’en sera-t-il à l’avenir plus ou moins lointain ?
Le national-populisme hindou en diplomatie, ou la résilience d’une realpolitik
By Christophe Jaffrelot
Une forte interaction entre politique intérieure et politique extérieure est inhérente à la stratégie des national-populistes. Ceux-ci cherchent en effet à tirer partie de leurs initiatives internationales sur la scène domestique pour alimenter leur popularité. Ces initiatives sont souvent frappées au coin d’un nationalisme riche en coups de menton : la propagande officielle se nourrit ainsi, non seulement d’« exploits » diplomatiques et militaires, mais aussi de leur mise en récit. Narendra Modi est passé maître dans l’art de cette narration sur un mode nationaliste hindou.
UN NATIONALISME INTERVENTIONNISTE EN RÉPONSE AUX PROVOCATIONS DU PAKISTAN
Montée des tensions religieuses et gouvernance de la droite hindoue
By Mujibur Rehman (translated by Sébastien Goulard)
Ce document est fondé sur les travaux d’un groupe de jeunes politistes, Do Parties Matter for Ethnic Violence ? Evidence from India, par Gareth Nellis, Michael Weaver et Steven Rosenzweig.
L’enjeu séculariste en Inde
By Apratim Mukarji (translated by Sébastien Goulard)
L’Inde a assisté à une polarisation accélérée de sa société depuis que le gouvernement de Narendra Modi est arrivé au pouvoir en mai 2014. Le sécularisme, soit l’un des principes directeurs de la Constitution de l’Inde, s’est trouvé confronté à un dur assaut des forces de l’hindutva actuellement installée dans des structures de pouvoir qui méritèrent naguère la qualification suivante : « L’harmonie religieuse fait la force de l’Inde ».
Narendra Modi ou la variante hindou du national-populisme
By Christophe Jaffrelot
Les populistes nient en effet le pluralisme, car le peuple ne saurait être qu’un, comme l’a souligné récemment Jan-Werner Müller. D’où leur tendance à disqualifier leurs adversaires, voire à rejeter la démocratie reposant sur le multipartisme. La plupart du temps, cet « isme » implique au demeurant une forte concentration du pouvoir liée à son extrême personnalisation : le leader populiste entre directement en relation avec son peuple, court-circuitant sa propre formation politique et toutes les institutions en général.
La démocratie indienne
By Isabelle Milbert
En période électorale, l’atmosphère est surchauffée dans les trains et les bus indiens : discussions et altercations entre voyageurs témoignent de leur force de conviction et de la cote de popularité des différents candidats. Dans les bidonvilles, certains supporters sont prêts à en découdre, et, programme des candidats en main, décrivent avec passion pourquoi il est indispensable de voter pour tel ou tel. Le jour des élections, ils attendront patiemment, parfois des heures sous le soleil, pour aller voter. La démocratie, durement conquise dans le cadre de l’accès à l’Indépendance en 1947, est considérée par tous les Indiens comme une victoire, un acquis essentiel légué par les pères de l’Indépendance, un système qui protège l’Inde des guerres civiles, fractures et dérives brutales de leaders autoritaires qu’ont connu ses voisins de l’Asie du Sud. La démocratie est donc fortement ancrée dans la culture politique de l’Inde, avec des modalités de fonctionnement souvent originales. Tandis que scandales, critiques et remises en cause sont venus ternir l’image de nombreux élus et institutions, des forces de renouvellement surgissent et témoignent de la vitalité du système politique indien.
L’échec des hérodiens en Inde ?
By Nunziante Mastrolia (translated by Gerz Reich)
D’autres forces puissantes, de fait, sont à l’oeuvre. Des forces de nature culturelle, psychologique et sociale qui sont en train de conditionner en profondeur des pays comme la Russie, la Turquie, la Chine et récemment aussi l’Inde.
Pour chercher à comprendre la nature et l’orientation de ces forces, il faut nécessairement se référer aux réflexions du grand historien britannique Arnold J. Toynbee et à ses études sur l’affrontement des civilisations, soit celui entre le monde et l’Occident, « l’événement capital de l’histoire moderne ».
Mais il convient avant tout d’appréhender, même de façon très rapide, les raisons du miracle occidental. Il peut sembler qu’il s’agisse d’un question d’une complexité unique, or ce n’est pas le cas : depuis que le voile de brume du marxisme a été balayé, il est plutôt facile d’y répondre.
Tuesday 9 June 2020
Maoïstes indiens : un échec attendu
By Ajai Sahni (translated by Sébastien Goulard)
Certains parleraient d’un demi-siècle de lutte ; d’autres d’un demi-siècle d’échecs. Actuellement les maoïstes se trouvent en déclin profond, et ce au bout de près de quatre décennies d’une violence déchaînée d’ampleur grandissante. Mais ils sont loin d’être vaincus. En effet, même en temps de défaite pitoyable – la quasi éradication de la révolte « naxalite » au début des années 1970 – ils ont démontré une extraordinaire capacité de résilience et de résurgence. L’État indien, qui plus est, a été lent à tirer des leçons des longues années de conflit avec ce mouvement idéologique, et il retombe facilement dans la torpeur et la négligence, la corruption et l’hybris dès lors que la menace semble reculer, toutefois temporairement.
Phénomène fondamental : tant l’État que les maoïstes sont enfermés dans une confrontation qui remonte aux économies de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle et demeurent obstinément aveugles à la transformation des réalités d’un nouvel ordre technologique, de la redondance progressive du travail humain, de l’explosion démographique incontrôlée et mondiale, des crises environnementales imminentes et complexes. Les dogmes du socialisme et du capitalisme – en particulier la philosophie qui perdure de la révolte violente à laquelle les maoïstes, acritiques, restent voués –, de même que le capitalisme prédateur embrassé par Delhi au tournant du millénaire, ont peu de signification pratique dans les mondes qui émergent aujourd’hui aux plans global et national. Significativement, les deux courants idéologiques – chacun revendiquant pour lui l’autorité « de la science » – sont essentiellement des systèmes de foi ; ils ont depuis des décennies ignoré les réalités incommodes et cherché à tordre le monde environnant afin de le faire entrer dans leurs dogmes.
Curzon et le grand jeu anglo-russe en Asie Centrale : la puissance maritime britannique à l’épreuve de la terre
By Flavien Bardet
Adorno en Inde - un réexamen de la psychologie du fascisme
By Ashis Nandy (translated by Livio Boni)
Il faut mettre au crédit de Theodor W. Adorno et de ses associés le fait que, à peu près trois décennies après sa rédaction, leur étude sur la personnalité autoritaire continue de servir comme base fondamentale pour toute nouvelle tentative, théorique ou méthodologique, d’aborder ce problème. Il est vrai que certaines études empiriques ont révélé une série de lacunes dans ce travail, et que la plupart des références à ce dernier s’accompagnent désormais d’un certain nombre de commentaires critiques. Cela dit, il continue de représenter un ensemble de questions analytiques et normatives qui n’ont pas vraiment été dépassées par le progrès des sciences sociales. Du moins jusqu’à présent, aucun psychologue n’a émergé avec un modèle alternatif de description de la mentalité fasciste aussi exhaustif, complexe et subtil du point de vue philosophique.
L’Inde face aux nouvelles routes de la Soie
By Sébastien Goulard
En 2013, le président chinois Xi Jinping lançait le projet de renaissance des routes de la Soie. Désigné tout d’abord sous le sigle d’Obor ("One Belt One Road"), puis sous celui de BRI ("Belt and Road Initiative"), ce programme vise à moderniser les infrastructures et à favoriser le commerce entre la Chine et le reste du monde. Dans un premier temps limitée aux échanges entre la Chine, l’Asie, l’Europe centrale et l’Afrique de l’Est, la BRI est aujourd’hui ouverte à l’ensemble des États sur tous les continents, comme en témoigne l’appel de Xi Jinping lancé à l’Amérique latine à rejoindre l’initiative lors du forum Chine-Celac (Communauté d’États latino-américains et caraïbes), en janvier 2018.
La communauté internationale semble approuver le principe de la BRI, malgré de très larges réserves quant à son financement, l’omniprésence des entreprises d’État chinoises ou le manque de réciprocité des échanges. À ce jour, peu d’États se sont déclarés hostiles aux nouvelles routes de la Soie chinoises. Les États-Unis de Donald Trump n’ont pas manifesté d’intérêt pour ce projet, et sont l’un des seuls pays développés à ne pas rejoindre la Banque Asiatique d’Investissements pour les Infrastructures inaugurée par la Chine en 2015. Le Japon, qui mène ses propres projets d’infrastructures en Asie centrale, reconsidère depuis novembre 2017 une éventuelle participation à l’initiative « Belt and Road ». Parmi les grandes puissances mondiales et asiatiques, seule l’Inde s’oppose toujours au projet chinois des nouvelles routes de la Soie, malgré les invitations répétées de Beijing. Le projet de corridor économique reliant la Chine à l’Inde, un élément important de l’initiative « Belt and Road » n’est d’ailleurs plus d’actualité. Les tensions entre la Chine et l’Inde à propos du plateau du Doklam à l’été 2017 ne sont pas l’unique raison de ce refus.
Devant la montée en puissance de la Chine, le renforcement des liens entre l'Inde et l'Asean
By Anh Le Tran (translated by Laurent Amelot)
Hervé Théry : Quelle géopolitique du Brésil sous Bolsonaro ?
Une conférence co-organisée, le 27 février 2020, par Diploweb.com et l’ADEA MRIAE de l’Université Paris I, en partenariat avec le Centre Géopolitique, au Centre de colloques du Campus Condorcet. Image et son : J. Rocques. Photos : P. Verluise et Arthur Devaux Moncel. Montage : J. Rocques et P. Verluise. Résumé pour Diploweb.com : J. Boucher".
Étoile filante
Introduction du Pr Michel Korinman dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulée, Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale.
By Michel Korinman*
Avec l’élection, fin 2018, à la présidence de Jair Bolsonaro au Brésil, c’est un gros morceau de continent qui rejoint la géographie de la révolution mondiale en cours – Brexit, Trump, le gouvernement italien élu. Le Brésil, cinquième pays de monde par sa superficie, 8 514 877 km2 comparativement aux 20 010 600 km2 de l’Amérique latine, n’est dépassé à cet égard que par la Russie, le Canada, la Chine et les États-Unis ; en 2018 il était avec environ 208 millions d’habitants le 6e pays le plus peuplé du monde. C’est la quatrième démocratie et une des dix premières économies de la planète. Le tournant brésilien aura à coup sûr des conséquences géopolitiques majeures. Le ministre des Affaires étrangères du président brésilien, Ernesto Araújo, établit lui-même un lien avec la Ligue italienne par le biais d’une conception du monde et de l’Europe fondée sur les nations ; d’où une proximité passant par « la plus grande communauté italienne à l’étranger » (quelque 31 millions de Brésiliens descendants d’immigrants italiens), « un potentiel énorme » que représente fondamentalement Matteo Salvini avec lequel le gouvernement Bolsonaro a en commun une « approche patriotique » du monde ; Rome restant par ailleurs le centre historique de la culture occidentale qu’a en partage le Brésil. Proximité encore plus étroite, peut-être, aux pays souverainistes d’Europe de l’Est, Hongrie et Pologne, lesquels veulent résolument préserver les racines chrétiennes de l’Europe. Le tout à l’encontre d’un postmodernisme « mondialiste » et « sans âme » régnant sur des sociétés fragmentées et dépourvues de sentiments nationaux, voire inconscientes de leur histoire.
*Michel Korinman est professeur émérite, à Paris-Sorbonne, et directeur d’Outre-Terre, revue européenne de géopolitique. Il est notamment l’auteur de Quand l’Allemagne pensait le monde, Paris, Fayard et de Deutschland über alles. Le pangermanisme 1890-1945, Paris, Fayard.
L’Inde en (super)puissance
Introduction du Pr Michel Korinman dans le numéro double 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulée, Nouvelle Delhi ?
By Michel Korinman*, 15 December 2018
Splendide restitution de « géographèmes » chez Élisée Reclus :
« Dès l’origine des temps historiques, les Hindous connaissaient la vraie forme de la péninsule qu’ils habitent ; lorsque les géomètres de l’expédition d’Alexandre arrivèrent aux bords de l’Indus, les renseignements qu’on leur donna et qui furent confirmés plus tard aux ambassadeurs des rois de Syrie, leur permirent de dresser une carte parfaitement exacte dans ses contours généraux. D’après Érathostène, qui utilisa les données des explorateurs grecs, l’Inde a la forme d’un quadrilatère aux côtés inégaux, et la longueur qu’il donne à ces différents côtés coïncide, à peu de choses près, avec les véritables dimensions. Mais quoi que la régularité du pourtour de la Péninsule n’ait rien de géométrique, cependant le bel équilibre de la contrée, entre les deux mers qui la baignent à l’orient et à l’occident, et à la base des monts superbes qui la dominent au nord, devait entraîner les savants hindous à s’exagérer le rythme des formes extérieures de leur patrie. Dans la description que le sage Sandjaya fait de la terre des érudits ont cru comprendre que l’Hindoustan lui apparaissait sous la forme d’un triangle équilatéral parfaitement régulier, divisé en quatre triangles secondaires, égaux les uns aux autres ; mais dans le même récit Sandjaya compare aussi, plus poétiquement, quoique avec moins de justesse, le « cercle de la Djambou dvipa » à un disque de guerre, puis à un lotus à quatre pétales. Cette dernière comparaison entre le pays et la « fleur sacrée » est celle qui semble avoir été le plus communément acceptée et dont parlent les pèlerins bouddhistes venus de la Chine. Des astronomes du sixième siècle de l’ère vulgaire reprennent la figure du lotus pour diviser l’Inde en neuf parties, le centre de la fleur et les huit pétales, dont le nom a du reste plusieurs fois changé. Le monde entier était lui-même comparé à une fleur immense, formée, soit de quatre, soit de sept ou neuf dvipas, « îles » ou presqu’îles, disposées en cercles concentriques autour de Mérou, la « montagne d’or », où résident les dieux. Chacun de ces cercles de terres était entouré d’un océan formé par l’ornière du chariot de Priyavata ».