Friday 26 June 2020

Quo vadis Brésil ? Perspectives économiques d’un géant malade



Prévoir un ou plusieurs futurs possibles pour le Brésil est aujourd’hui particulièrement malaisé pour deux raisons : l’une spécifique tient au contexte international particulièrement mouvant, l’autre, au choc politique que connaît le pays avec l’élection d’un président désirant rompre avec les politiques économiques et sociales décidées depuis le retour à la démocratie dans les années 1980.

Le contexte international paraît de plus en plus instable, avec à la fois la montée en puissance de la Chine et la baisse relative de celle des États-Unis ; les changements brutaux des « règles du jeu » qui gouvernaient jusque récemment la globalisation commerciale ; le ralentissement de la croissance des échanges internationaux et l’adoption de mesures protectionnistes ; le bouleversement des technologies et la montée en puissance de l’intelligence artificielle et des automatisations ; enfin la probabilité non négligeable d’une crise financière internationale.

La politique économique proposée par le nouveau gouvernement sera probablement difficile à mettre en place et a de fortes chances de souffrir de ce que Habermas nommait un déficit de rationalité, c’est-à-dire une incapacité à mettre en œuvre un programme économique controversé conduisant à une politique libérale certes, mais boiteuse. En effet, les lignes générales connues à ce jour (fin janvier 2019) portent en elles les germes de multiples dilemmes entre souverainisme, libéralisme, et interventionnisme. Elles sont de nature à relancer des oppositions au sein de ceux qui ont appuyé l’arrivée de Bolsonaro à la présidence mais également des mouvements sociaux…


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Quo vadis Brésil ? Perspectives économiques d’un géant malade

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsQuo vadis Brasil? Quais são as perspectivas econômicas de um gigante enfermo?

Le même et l’autre



Il n’a fallu qu’un mois aux personnes les mieux informées pour se rendre compte que Jair Bolsonaro et ses plus proches alliés n’avaient pas la stature nécessaire pour gouverner un pays de 220 millions d’habitants, divisé et moralement détruit, littéralement en train de s’effondrer. Dans le même temps, les divisions et luttes internes au sein de cette coalition (formée à la hâte pour empêcher Luiz Inácio da Silva de se présenter à l’élection présidentielle), se manifestaient, et de nombreux analystes prévoient déjà, pour bientôt, la « défenestration » de certains membres du gouvernement, ou du président lui-même. Quoi qu’il en soit et quoi qu’il arrive, à court terme, il y a un problème plus important et qui reste sans réponse à long terme : quel est le projet du gouvernement pour ce pays ?

Avec ou sans Bolsonaro, que propose ce conglomérat hétérogène de personnes face au défi d’une économie qui stagne depuis des années ? D’une société de plus en plus inégale et violente ? Et d’un peuple de plus en plus pauvre et sans espoir d’avenir pour ses enfants et ses petits-enfants, lesquels quittent le pays ? Dire qu’il s’agit un gouvernement d’extrême droite, populiste et à tendances fascistes ne répond pas automatiquement à notre question, car de nombreux gouvernements situés dans des endroits variables de la planète se définissent aujourd’hui de la même façon et sont totalement différents les uns des autres. 


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Le même et l’autre

Le Brésil face à un avenir incertain



Le Brésil d’aujourd’hui ne ressemble guère à ce qu’il était à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Sa population atteignait à peine 40 millions d’habitants. Elle est plus de cinq fois supérieure – 212 millions, en 2017, la barre des 100 millions ayant été franchie, en 1972, celle des 200, en 2012. C’était un pays jeune, à natalité élevée. L’espérance de vie avoisine aujourd’hui les 75 ans, mais le taux de fécondité n’est plus que de 1,69 : les générations montantes sont moins nombreuses : les écoles primaires se vident. Le pays a connu une transition démographique rapide : son régime de retraite n’est plus adapté à une population qui vieillit.

Malgré la présence de deux grandes agglomérations, Rio de Janeiro et São Paulo, le Brésil était largement rural. Sa population est aujourd’hui urbanisée à plus de 85 %. Le couloir urbain Santos-São Paulo-Campinas compte à lui seul plus de 25 millions d’habitants. vingt agglomérations rassemblent plus d’un million d’habitants, dont douze plus de deux millions. Plus de 56 % des Brésiliens résident dans des municipes de plus de 100 000 âmes.

Le Brésil était un pays agricole. Il ne compte plus que 8 % d’actifs dans ce secteur, qui ne contribue plus qu’à hauteur de 5 % au produit intérieur brut. L’industrie, limitée à un petit nombre de foyers du Sud-Est et du Sud, en était à ses débuts. Proportionnellement à la population, elle occupe aujourd’hui autant de monde qu’en France.

De Natal à la frontière uruguayenne, le Brésil peuplé et actif restait limité à une bande littorale plus ou moins large…


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Le Brésil face à un avenir incertain

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie ConfinsO Brasil enfrenta um futuro incerto

Une comparaison de deux incendies et des réactions qu’ils ont provoquées



Deux incendies ont affecté récemment le patrimoine du Brésil et de la France, celui du Museu Nacional de Rio de Janeiro le 2 septembre 2018 et celui de Notre Dame de Paris, le 15 avril 2019. Cela nous a paru être l’occasion de nous interroger quant au rapport à l’histoire et au sentiment national dans les deux pays. Le texte qui suit, destiné à alimenter la réflexion, consiste essentiellement en un collage de textes (à peine édités) et d’images recueillies sur Internet, dont les références figurent pour les textes en webographie (ci-dessous) et pour les crédits des photos sous les images.

Le 2 septembre 2018, un incendie s’est déclaré au Musée national du Brésil de Rio de Janeiro. Les sapeurs-pompiers ont été mobilisés à 19 heures 30 et sont arrivés rapidement sur les lieux. Finalement, le feu a été maîtrisé après deux heures du matin. La perte sur le plan du patrimoine historique et culturel est considérable, les collections du musée comptant en effet quelque vingt millions d’objets. La police fédérale a conclu, le 4 avril 2019, que l’incendie a été provoqué par un dysfonctionnement de la climatisation dans l’auditorium, et qu’il s’est propagé rapidement en raison d’un manque d’équipements de lutte contre les incendies.

Le Musée national présentait des déficiences au regard de la sécurité incendie, l’institution ne disposait pas d’un rapport d’expertise actualisé établi par le comité d’inspection du corps de sapeurs-pompiers. En 2004, un avertissement avait été émis par le gouvernement de l’État de Rio de Janeiro signalant que le Musée national était exposé au risque d’incendie, en raison de la mauvaise qualité des installations électriques de l’édifice…


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, "Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" : Une comparaison de deux incendies et des réactions qu’ils ont provoquées

Relations Inde-Maurice : jusqu’où ira le « chotabharatisme » ?

By Shafick Osman


Qui veut comprendre la politique mauricienne et de surcroît, sa politique étrangère, doit absolument avoir des notions de sa géopolitique interne, plus particulièrement celle portant sur les différentes « communautés » de Maurice et l’histoire du pays, notamment sur la colonisation française (1715 – 1810), l’abolition de l’esclavage de 1835, et l’arrivée massive de travailleurs indiens, après l’abolition de l’esclavage, soit au milieu du 19e siècle, qui a considérément changé la démographie de l’île car les « indo-mauriciens » sont devenus, après quelques décennies, la communauté majoritaire du pays au détriment de cette communauté maladroitement appelée « population générale » qui regroupe tant les « blancs », les créoles (métis) et les « afro-créoles » (les « noirs », des descendants d’esclaves essentiellement).

Dernier élément dans cet effort de compréhension la composition religieuse de la population mauricienne qui, selon le dernier recensement de 2011, établit que les hindous sont à 48,5% (recul de 2,5%), les chrétiens à 32,7% (augmentation de 1,4%), les musulmans à 17,3% (0,7% de plus), et les bouddhistes et autres religions « chinoises » à 0,4% (baisse de 0,3%).


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulé, Nouvelle Delhi ? : Relations Inde-Maurice : jusqu’où ira le « chotabharatisme » ?

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L’Inde et la domination de l’océan Indien : les îles comme pièces maîtresses

By Christian Bouchard


Depuis la fin de la Guerre froide et les années 1990, le contexte géopolitique et stratégique de l’océan Indien a grandement évolué. Parmi les grandes évolutions, notons l’importance accrue des flux maritimes, l’intensification des flux énergétiques, un accroissement démographique considérable, le développement de nombreux conflits armés, l’accroissement des menaces non traditionnelles, la prolifération nucléaire ainsi que l’influence grandissante des deux géants asiatiques que sont l’Inde et la Chine. Sur le plan naval, le développement d’une marine de haute mer par l’Inde, le déploiement permanent de la marine chinoise et un engagement accru des puissances occidentales concourent à une nouvelle phase de compétition stratégique et de militarisation dans l’océan Indien, mais aussi à une certaine coopération internationale dans la lutte collective aux menaces non traditionnelles telles que la piraterie maritime, les trafics illégaux, les migrations clandestines et la pêche illégale. C’est dans ce contexte complexe et mouvant que doivent s’apprécier aujourd’hui la valeur stratégique et le rôle militaire des États et territoires insulaires de l’océan Indien.


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulé, Nouvelle Delhi ? : L’Inde et la domination de l’océan Indien : les îles comme pièces maîtresses

(lu 417 fois, au 26 juin 2020)

Diplomatie navale de l’Inde dans l’océan Indien

By Vallabhu Srilatha (translated by Valeria Ferretti and
Shafick Osman)


L’océan Indien, troisième plus grand océan du monde, comprend quarante-huit États côtiers et insulaires, dont dix-huit en Afrique, onze au Moyen-Orient, sept en Asie du Sud, six en Asie du Sud-Est, cinq États insulaires et l’Australie.


Au milieu de l’océan Indien, l’Inde surplombe dans la région les lignes de communications maritimes (SLOCs) ; sa proximité aux points d’étranglement (choke points) de la région de l’océan Indien (ROI) et sa forte dépendance à l’océan en ce qui concerne ses ressources énergétiques et son commerce la rendent vulnérable tant sur les plans conventionnel et non conventionnel qu’aux défis sécuritaires. La Marine indienne a été parmi les premières à reconnaître les implications de la réorientation plus internationale du pays au début des années 1990. La situation a évolué et l’Inde est passée de la période du non-alignement à une collaboration avec les grandes puissances, les acteurs régionaux et les petits États du littoral de l’océan Indien.


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulé, Nouvelle Delhi ? : Diplomatie navale de l’Inde dans l’océan Indien

(lu 324 fois, au 26 juin 2020)

Rivalités océaniques entre l’Inde et la Chine

By Gilles Boquérat


Lorsque les Chinois occupèrent les îles Paracels au début de l’année 1974, la réaction, ou plutôt l’absence de réaction officielle, retint l’attention de l’ambassade de France à New Delhi. Un diplomate se déplaça pour rencontrer le chef du bureau des affaires chinoises au ministère des Affaires étrangères indien. Ce dernier commenta que « l’occupation par la force des îles Paracels doit être considérée comme le signe précurseur d’une stratégie des mers du Sud, qui, de la part de Pékin, vise à encercler l’Asie du Sud-Est et à y exercer en fin de compte la plus grande influence possible dans les domaines stratégique, politique et économique ». Les îles Spratleys également revendiquées pourraient bien être le prochain objectif, permettant à Pékin de contrôler une voie de passage stratégique. Encore plus préoccupante était la mansuétude de Washington qui, dans un front anti-Moscou, pourrait permettre à l’avenir une certaine extension de l’influence chinoise dans tout l’océan Indien et jusqu’à la côte orientale de l’Afrique. Quarante ans plus tard, si l’Union soviétique a disparu et que les États-Unis sont sur leurs gardes vis-à-vis de Pékin, l’hypothèse n’en demeure pas moins valable avec la Chine construisant à Djibouti sa première base militaire à l’étranger et l’Inde étant de plus en plus préoccupée par les intrusions croissantes de la Marine chinoise dans son périmètre traditionnel de sécurité.


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulé, Nouvelle Delhi ? : Rivalités océaniques entre l’Inde et la Chine

(lu 331 fois, au 26 juin 2020)

Wednesday 24 June 2020

Inde - Afrique : l’échelle intercontinentale

By Nathanaël Herzog


1,396 milliard d’Indiens en 2025 et 2,5 milliards d’Africains à l’horizon 2050. Delhi a compris que pour devenir une très grande puissance, elle doit changer d’échelle et que l’Afrique précisément peut lui tenir de tremplin. Cherchant à prendre sa revanche sur l’histoire coloniale, la sixième (bientôt cinquième) puissance économique mondiale veut retrouver une place de premier plan sur la scène internationale avec un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, faire son entrée au G7 et jouer un rôle plus important au sein de l’OMC. Elle va donc doper son soft power de plus grande démocratie du monde sur le continent : ouverture de 18 nouvelles ambassades sur le continent d’ici à 2021, le nombre des missions indiennes résidentes passant de 29 à 47 (une de moins que la Chine et trois de moins que les États-Unis) ; elle s’appuiera sur sa diaspora de quelque 2,5 millions de personnes. Des Indiens qui sortent de leur pré-carré est-africain et s’installent progressivement en Afrique de l’Ouest : Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana ou Mauritanie. D’après Africa-India Facts & Figures 2015, publié conjointement par l’Economic Commission for Africa des Nations-unies et la Confederation of Indian Industry, pour la période 2010-2015, les exportations de l’Inde vers l’Afrique ont augmenté de 93% et les importations à partir de l’Afrique vers l’Inde de 28%.


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulé, Nouvelle Delhi ? : 2018/1 Inde-Afrique : l’échelle intercontinentale

(Lu 286 fois, au 24 juin 2020)

Le partenariat stratégique entre l’Inde et Israël

By Efraim Inbar (translated by Laurent Amelot)


L’Inde et Israël sont deux civilisations anciennes. Ensemble, ils partagent un passé colonial sous domination britannique et ont été les premiers à devenir indépendants (en 1947 et 1948, respectivement) lors de la vague de décolonisation qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. Tous deux sont nés du résultat de partitions désordonnées et ont, depuis lors, préservé le caractère démocratique de leur régime en dépit de conditions parfois très défavorables. Alors que Jérusalem a toujours été intéressé à entretenir de bonnes relations avec l’Inde, Delhi a longtemps hésité à nouer des relations diplomatiques complètes avec l’Etat hébreu. À l’origine, les dirigeants indiens avaient une perspective antisioniste. Après l’indépendance, ils montrèrent une grande sensibilité à l’égard du bloc arabe, ce qui peut s’expliquer par l’existence d’une importante minorité musulmane en Inde même. Il faudra donc plus de quatre décennies à Delhi pour surmonter ses réticences et établir des relations bilatérales fructueuses avec Israël.


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulé, Nouvelle Delhi ? : Le partenariat stratégique entre l’Inde et Israël

(Lu 242 fois, au 24 juin 2020)

La dynamique des relations entre Inde et Russie

By Himani Pant (translated by Esther Feingold)


Un reportage du Los Angeles Times de 1986 qualifiait le partenariat indo-soviétique comme « le plus solide bien que le plus étrange qui fût ». L’affirmation était correcte dans la mesure où cette relation n’était pas fondée sur des valeurs communes, mais sur des intérêts nationaux. L’entente entre les chefs d’État suivants se poursuit de nos jours et elle traduit une résilience immunisée contre les changements politiques. La fondation officielle de ce partenariat remonte à l’année 1947 quand les relations diplomatiques entre l’Inde et l’Union soviétique furent établies.

Dans les années 1950, l’Union soviétique commença à réorienter son attention vers l’Asie du Sud afin de contrebalancer l’influence des États-Unis dont elle avait le sentiment qu’ils « attrapaient l’un après l’autre les pays d’Asie faibles et dociles pour les accrocher à leurs wagons ». Dans le cadre de cette quête d’influence elle avança aussi bien avec l’Inde qu’avec le Pakistan.

Le facteur Chine joua également un rôle important dans la consolidation des relations indo-russes. La rupture sino-soviétique devenant tangible dans les années 1960. Et ce alors que l’Inde avait son propre lot de désaccords avec la Chine. Au fur et à mesure que les relations sino-soviétiques se détérioraient, l’Urss trouva dans l’Inde un partenaire de bonne volonté. Qui plus est : l’Inde était aussi bien préoccupée par l’aide US au Pakistan ainsi que la présence des États-Unis dans l’océan Indien (base aérienne et navale US sur l’île de Diego Garcia).


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(Lu 241 fois, au 24 juin 2020)

L’Inde et l’Otan : quel partenariat ?

By Sébastien Goulard


Selon la Banque mondiale, l’Inde est devenue la sixième économie mondiale en 2017 devant la France. Elle a aussi surpassé la France dans le domaine militaire puisque selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), l’Inde occupe désormais la cinquième place pour ses dépenses militaires après les États-Unis, la Chine, la Russie et l’Arabie saoudite. L’Inde est aussi le premier importateur d’armement au monde, devant l’Arabie saoudite (pour la période 2012 - 2016), les fournitures provenant principalement de la Russie son partenaire historique ; et elle espère devenir une puissance exportatrice d’armes Make in India. Puissance nucléaire depuis 1974, mais ne siégeant pas comme membre permanent au Conseil de sécurité de l’Onu, l’Inde cherche à renforcer sa puissance militaire et diplomatique.

D’autre part, les États-Unis, notamment sous l’Administration de Donald Trump, semblent considérer l’Inde comme un partenaire stratégique très proche au même titre que certains membres de l’Otan. Sans parler d’une adhésion de Delhi à l’Otan, pourrait-il avoir un rapprochement entre l’Inde et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ?

Les réactions américaines à l’acquisition d’un système de défense antiaérienne russe par Delhi nous montre que ce partenariat reste fragile.


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(lu 265 fois, au 24 juin 2020)

Les partenariats stratégiques de l’Inde avec la Chine et les États-Unis : l’impossible équilibre ?

By Isabelle Saint-Mézard


La conduite simultanée des relations avec Pékin et Washington constitue aujourd’hui l’un des plus grands défis auquel la diplomatie indienne est confrontée sur les plans régional et international. Les relations que l’Inde entretient avec l’un sont désormais attentivement observées par l’autre, et peuvent même le conduire à calibrer ses propres liens bilatéraux avec New Delhi en conséquence. Les relations Inde-Chine et Inde-États-Unis connaissent donc un certain degré d’interdépendance et il s’agit là d’un développement récent, apparu à la toute fin des années 1990, et qui est allé s’intensifiant depuis. Cette configuration n’est cependant pas inédite d’un point de vue historique. Pendant les années 1950 en effet, Washington surveillait de près – et non sans irritation – les efforts du Premier ministre Nehru pour gagner l’amitié de la nouvelle République populaire de Chine ; à l’opposé, Mao soupçonnait l’Inde d’aider les États-Unis à conduire des opérations de déstabilisation au Tibet (ce qu’elle ne fit vraiment – et encore de façon limitée – que de 1962 à 1965). En dépit de sa bonne volonté, Nehru se retrouva donc en porte-à-faux avec les deux États. Ses tentatives pour servir de médiateur auprès de la Chine maoïste contribuèrent à brouiller sa relation avec les États-Unis. Quant aux relations avec la Chine, elles tournèrent au conflit. L’incapacité des deux voisins à s’entendre sur la démarcation frontalière conduisit à une confrontation armée fin 1962, qui s’acheva en débâcle militaire pour l’Inde.


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Monday 15 June 2020

Les relations nippo-indiennes dans l’ère de l’Indo-Pacifique

By Noemi Lanna (translated by Esther Baron)


La « nouvelle ère des relations nippo-indiennes » semble initiée dès avant sa proclamation officielle par le Premier ministre Abe à l’occasion de sa visite en Inde en décembre 2015. Depuis 2000 – année durant laquelle fut lancé le partnership stratégique entre l'Inde et Japon – l’entente entre les deux pays s’est sensiblement renforcée. Dans le cadre économique on est passé d’une relation bilatérale marquée par des asymétries prononcées à une synergie favorisée par la complémentarité entre l’Abenomics, le programme de réformes économiques lancé par le Premier ministre Abe et l’Act East Policy, fortement voulue par son homologue Modi.

L’assistance affectée par le Japon continue d’avoir un poids significatif : l’Inde occupe toujours le premier rang sur la liste des pays destinataires d’aides publiques au développement (ODA) japonaises sous forme de prêts et, à l’occasion du sommet tenu en septembre 2014, le Japon s’est engagé à réaliser des investissements (y compris les ODA) pour une valeur de 3,5 trillions de yen dans les cinq années à venir. Il s’agit d’un objectif qui ne sera pas difficile à atteindre si l’on considère que les investissements directs étrangers du Japon, en Inde, qui s’élevaient à un peu moins de 29,8 milliards de yen, en 2005, frôlent actuellement les 500 milliards (465 en 2016). Toutefois, à la différence de ce qui advenait il y a quelques décennies, l’assistance ne constitue qu’un des cadres d’interaction entre les deux économies. La signature du Comprehensive Economic Partnership Agreement entre les deux pays (février 2011) a multiplié les opportunités de coopération, favorisant une augmentation du commerce. Entre 2005 et 2016, le volume des échanges de l’Inde avec le Japon a quasiment doublé et celui du Japon avec l’Inde à peu près triplé.


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(Lu 217 fois au 15 juin 2020)

Inde-Corée : la route n’est plus si longue

By Maurizio Riotto (translated by Esther Baron)


Les premiers rapports entre la Corée et l’Inde sont suspendus entre la réalité et la légende. Le Samguk yusa (Mémoires des Trois Royaumes), texte historique coréen achevé par le moine bouddhiste Iryŏn (1206-1289) autour de 1280, rapporte au deuxième livre un fragment (sinon une reprise complète) du Karakkuk-ki (Chroniques de Karak), relatif à la fondation même du royaume di Karak (ou Kaya), où les destins du sous-continent indien se rencontrent déjà avec ceux de la péninsule coréenne. Le texte rapporte entre autre que le fondateur du royaume, le roi Suro [référence traditionnelle 42-199 (!)], tarde à prendre épouse, attendant que la volonté du Ciel y pourvoie. C’est ainsi qu’en l’année mentionnée par la chronologique traditionnelle comme l’an 48 après J.-C. arrive sur les rives du royaume de Kaya un vaisseau avec à son bord une noble jeune fille et sa suite. Elle se présente en ces termes :

« Je suis une princesse du pays d’Ayut’a. Mon nom est Hŏ je suis âgée de seize ans. Cinq mois auparavant le roi mon père et la reine ma mère me dirent : ‘La nuit dernière nous avons vu en rêve le Seigneur du Ciel qui nous a appris que le roi Suro de Karak était était descendu sur terre par son ordre et que c’était un homme saint et animé de l’esprit divin. Celui-ci avait depuis peu édifié son propre État et n’a pas encore élu une compagne ; voilà pourquoi le Seigneur du Ciel nous a dit de t’envoyer toi, afin de devenir sa reine’ ».


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(Lu 221 fois au 15 juin 2020)

Delhi vu de Pékin

By Zhang Yike


Ces dernières années, tout comme l’ascension de la Chine, « l’émergence de l’Inde » est devenue une expression fréquemment évoquée. Il se peut qu’il y ait toujours un débat sur le mode de développement, les potentialités et l’influence de chacun des deux pays. Il n’en reste pas moins que ces deux puissances importantes n’entretiennent pas des relations importantes. D’un point de vue historique et géographique, les échanges entre la Chine et l’Inde restèrent limités alors que toutes deux étaient des civilisations millénaires. L’obstacle de la chaîne de l’Himalaya ainsi que l’absence d’une tradition maritime cohérente en Chine empêchaient les aventures chinoises en Asie du Sud en même temps que les conflits étaient évités. La colonisation de deux pays mit fin à l’isolement, à la fois l’un par rapport à l’autre et par rapport au reste du monde. Par ailleurs, contrairement à d’autres relations bilatérales stables à long terme, la relation sino-indienne se trouve actuellement dans une période de changement rapide et elle évoluera considérablement à l’avenir. La réforme et l’ouverture de la Chine à la fin des années 1970 et les réformes de l’Inde au début des années 1990 ont conduit à des changements majeurs influant directement et indirectement sur les relations bilatérales dans presque tous leurs aspects. Aujourd’hui des types d’administration différents, l’écart entre les niveaux économiques et les ambitions géopolitiques sont non négligeables.


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(Lu 356 fois au 15 juin 2020)

L’emprise financière de la Chine sur Sri Lanka : quelles implications pour l’Inde ?

By Laurent Amelot


Stratégiquement localisé au sud de l’Inde continentale, à l’ouest des îles Andaman et Nicobar et à proximité immédiate de la principale artère du commerce maritime entre l’Orient et l’Occident, Sri Lanka est confronté aux trois principaux défis des petits États dans la conduite de leurs relations internationales. Le premier concerne leur capacité à assurer leur indépendance face à un voisin immédiat potentiellement hégémonique et avec lequel les relations sont largement déséquilibrées eu égard à leur puissance politique, économique, démographique et militaire respective.

Le deuxième est lié à la gestion d’une même communauté ethnique chez les deux voisins mais susceptible, chez le puissant, du fait de son poids politique intérieur, d’influencer la direction et la conduite de la politique étrangère et, chez le petit État, de représenter une force en quête d’autonomie, capable de remettre en question les fondements de l’unité et de la souveraineté nationale, ainsi que l’intégrité territoriale. Cette attitude est de nature à conduire le petit État à percevoir son puissant voisin comme une menace. Le troisième participe de la capacité du petit État à se détacher de son face-à-face inégal avec son puissant voisin par un rapprochement avec un ou plusieurs acteurs extra-régionaux afin de rééquilibrer son lien bilatéral avec la puissance régionale locale sans toutefois devenir dépendant de l’un des acteurs extra-régionaux, devenu son nouveau partenaire.


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(Lu 303 fois au 15 juin 2020)

L’Arakan, une situation typique de frontière

By Alexandra de Mersan


Deux attaques ont été menées en Arakan (Birmanie), en octobre 2016 puis en août 2017, par un groupe armé au nom de la défense des musulmans – connus comme Rohingyas. La violence de la répression et des exactions de l’armée birmane (Tatmadaw) dans ses opérations de recherche des assaillants (qu’elle qualifie de terroristes) a été telle qu’elle a conduit près de 700 000 personnes, la plupart musulmanes, à se réfugier au Bangladesh voisin. En 2012 déjà, alors que le pays avait entamé une transition démocratique, des violences intercommunautaires entre populations bouddhistes et musulmanes avaient éclaté dans cette région.

Le drame le plus récent s’ajoute à d’autres qui eurent cours depuis la Seconde Guerre mondiale, provoquant également de massifs mouvements de populations de part et d’autre de la frontière.

La récurrence de ces affrontements incite à examiner plus attentivement cette situation de frontière et la création de celle-ci en lien avec la construction de la nation birmane.

Il s’agit de comprendre le double processus conjoint de construction de frontières raciales et nationales, initié à l’époque coloniale, à l’issue duquel la race, on dira ensuite l’ethnie, est devenue une dimension prédominante dans les appartenances et dans les conditions d’accès à la citoyenneté et au cours duquel les musulmans d’Arakan, progressivement marginalisés, sont devenus étrangers puis exclus de l’espace national. Ce legs colonial qui perdure éclaire en partie la situation contemporaine. Un détour par l’histoire permet d’en appréhender certains aspects.


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulé, Nouvelle Delhi ? : L’Arakan, une situation typique de frontière

(Lu 194 fois au 15 juin 2020)

Inde - Pakistan : sept décennies de méfiance, de défiance et d’opportunités perdues

By Olivier Guillard


Il y a de cela soixante et onze ans, à l’été 1947, après deux siècles d’une omnipotente présence commerciale, politique et coloniale dans le sous-continent indien, la couronne britannique, éreintée par la Seconde Guerre mondiale autant que consciente de l’irrésistible appétence des peuples pour la décolonisation, décidait enfin de dissoudre son British Raj en Asie méridionale et de laisser aux populations locales le soin de décider de leur quotidien, de façonner leur futur. Une décision politique de bon sens mais exécutée dans une précipitation coupable aux conséquences lourdes, sur laquelle nous reviendrons plus loin ; un retrait opéré dans des conditions passables expliquant – pour partie seulement – le cadre maussade (quand il n’est pas critique) dans lequel évolue encore au printemps 2018, trois générations d’homme plus tard, le « couple » indo-pakistanais. À contretemps et contre-emploi d’une mondialisation qui, en ce XXIe siècle achevant déjà sa seconde décennie, imposerait logiquement à ces deux mastodontes – 1,5 milliard d’habitants à eux deux – prometteurs mais bornés, après avoir tant partagé des siècles durant, de mutualiser leurs moyens et potentiels respectifs pour un bénéfice mutuel. Ce serait hélas faire fi d’une litanie de drames – à commencer par ces quatre conflits dont le dernier remonte à moins de vingt ans –, de contentieux (nous reviendrons plus longuement sur la thématique effervescente de la souveraineté de l’ancienne Principauté du Cachemire) et d’une succession d’événements douloureux, délicats si ce n’est impossibles à oublier, à pardonner.


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulé, Nouvelle Delhi ? : Inde - Pakistan : sept décennies de méfiance, de défiance et d’opportunités perdues

(Lu 241 fois au 15 juin 2020)

Extrémisme violent au Bangladesh

By Shahab Enam Khan (translated by Sébastien Goulard)


Situation paradoxale que celle du Bangladesh. Par exemple : le Commonwealth Youth Development Index (YDI) présente l’histoire du pays comme une success story en matière de développement économique et d’évolution de la jeunesse. Elle cependant aussi marquée par des dysfonctionnements. Le Bangladesh est 84e sur 170 de sa liste en fonction de 5 critères clefs : éducation, santé et prospérité, emploi, participation à la vie politique et participation à la vie civique. Et ces opportunités ne sont pas également répandues dans tout le pays. Un nombre croissant de Bangladais sont déconnectés de leur famille et de leur communauté, exclus d’une prospérité et de ressources partagées de façon disproportionnée ; ils éprouvent du ressentiment contre les pratiques politiques existantes et la détérioration de l’État de droit. Le processus de radicalisation s’est fait persistant au cours des quatre décennies précédentes, sinon plus tôt, et à trois niveaux : l’État, la société et, bien sûr, les individus.



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(Lu 177 fois au 15 juin 2020)

L’avenir géo-démographique de l’Inde. Perspectives géopolitiques et géoéconomiques

By Alfonso Giordano


Avec presque un milliard et trois cents millions de personnes, l’Inde est actuellement le second pays plus peuplé du monde et sa plus grande démocratie. Bien que cela puisse sembler surprenant, on a aujourd’hui déjà une idée raisonnablement fiable de son profil géo-démographique d’ici vingt ans. Parce que la majorité écrasante des personnes qui peupleront le pays en 2040 sont déjà vivants et y vivent. Les inconnues concernent en revanche les personnes encore à naître et celles qui vont décéder d’ici là. Ce que nous savons, c’est que malgré la basse drastique du taux de natalité pour les deux dernières générations le niveau national du taux de reproduction demeure au-dessus de ce qui est nécessaire avec environ 2,5 naissances par femme. Alors que l’espérance de vie à la naissance est aujourd’hui estimée à 68 ans – soit le niveau des États-Unis tout de suite après la Seconde Guerre mondiale – et en bonne voie de poursuivre cette ascension.

Par contre ces deux tendances – natalité et mortalité –, même si elles ne devaient pas être conformes à l’évolution prévue, ne pourraient pas à court terme transformer de manière considérable le tableau de l’Inde en 2040. Et du moment où les tendances migratoires internationales n’influeront pas sensiblement sur l’évolution de la population indienne, ce seront l’actuelle pyramide des âges et les perspectives assez prévisibles et, comme nous l’avons dit non déterminantes à court terme, de la fécondité et de la mortalité qui modèleront substantiellement les futurs contours géo-démographiques du pays. Ce qui exclut naturellement une catastrophe quelconque, actuellement inimaginable.


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(Lu 242 fois au 15 juin 2020)

L’innovation en Inde : évolution des produits et processus vers des « business models »

By Basudeb Chaudhuri


En général, la capacité d’innovation d’un pays ou d’une entreprise se mesure par le nombre de brevets obtenus. Pendant la période 2002 à 2015, L’Inde occupe la 19e place, loin derrière les pays avancés ou les pays comme la Chine ou la Corée du Sud. De plus , 78% des demandes de brevets sont déposées par des Indiens non-résidents en Inde, ce qui réduit encore la portée de l’innovation autochtone, mesurée par cet indicateur important. Néanmoins, si on inclut dans la définition de l’innovation non seulement les connaissances scientifiques et technologiques incorporées dans des services ou des produits, mais aussi un ensemble d’applications ou de pratiques, de changements de méthodes d’organisation ou de gestion, ou encore la création de valeur ajoutée avec peu de ressources, on constate que l’Inde se distingue par sa créativité et son esprit d’innovation à de nombreux égards technologiques, managériaux et organisationnels.



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(Lu 152 fois au 15 juin 2020)

Agriculture en Inde : les activités connexes ont dépassé le secteur traditionnel

By Baadr Alam Iqbal (translated by Sébastien Goulard)


L’agriculture, qui est le secteur le plus important de l’économie indienne, ne se porte pas bien et fait face à une crise de croissance et de développement. Ce secteur a enregistré une croissance très faible de 1,8%, bien loin de l’objectif des 4% pour soutenir l’économie du pays.


LA PRIMAUTÉ DE L’AGRICULTURE

Environ 60% de la superficie de l’Inde est arable [...], ce qui en fait le plus grand pays en termes de terres arables au monde après les États-Unis. L’agriculture indienne est dominée par un grand nombre de petites exploitations occupées pour l’essentiel par leur propriétaire.


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(Lu 197 fois au 15 juin 2020)

L’entreprise indienne et ses mutations

By Basudeb Chaudhuri


Avant la révolution industrielle britannique et européenne, l’Inde produisait environ 25% de la production manufacturière mondiale selon les historiens de l’économie comme Angus Maddison. Le déclin de cette base et de sa place économique dans le monde coïncident aussi avec la colonisation de l’Inde par l’Empire britannique et la politique de l’extraction de ressources mené par celui-ci. Néanmoins, à partir de la fin du XIX e siècle, il y un renouveau de l’entrepreneuriat indien, avec deux figures iconique, Jamsetji Tata et Ghanshyam Birla, qui créeront des empires industriels, transformés en conglomérats modernes, comme les zaibatsus japonais ou les chaebols coréens dans l’histoire industrielle de l’Asie orientale.

Les familles Tata et Birla ont été largement présentées dans des travaux sur l’Inde, le rôle de ces deux groupes dans le développement industriel de l’Inde au XXe siècle étant largement connu ; notamment celui de Birla dans le soutien au mouvement d’indépendance de Gandhi ; l’oeuvre philanthropique des deux groupes ; ainsi que la fonction pionnière de Jamsetji Tata dans l’acier et de son successeur JRD (Jehangir Ratanjir Dadabhoy) Tata dans l’aéronautique.

Dans ce récit sur le développement économique, on fera leur place à l’orgueil et au récit national précisément incarnés par les noms de Tata et de Birla lesquels voulaient démontrer la capacité entrepreneuriale des Indiens comme défi à la domination coloniale ; un siècle plus tard, le rachat des sociétés britanniques Corus (l’acier) puis de Jaguar et Land Rover par Ratan NavaiTata, le successeur à la tête du groupe Tata, fut perçue en Inde comme une revanche sur l’empire britannique.


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(Lu 161 fois au 15 juin 2020)

Démonétisation, l’agenda caché du gouvernement indien

By Cyril Fouillet, Isabelle Guérin, Jean-Michel Servet


Le 8 novembre 2016, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a annoncé la démonétisation quasi immédiate de tous les billets de 500 et 1 000 roupies (équivalant respectivement à 6,85 et à 13,7 euros) et l’introduction d’une nouvelle série de billets de 500 et 2 000 roupies. La population de ce pays, dont un quart des 1,3 milliard d’habitants est illettré, avait jusqu’au 30 décembre (moins de deux mois) pour échanger ces billets en agence bancaire ou à un bureau de poste. L’Inde avait déjà expérimenté une démonétisation d’une partie de ses coupures en circulation. Mais jamais avec une telle ampleur.


En janvier 1946, par décision du Raj britannique (le régime colonial britannique), la Banque Centrale Indienne (RBI) avait retiré les billets de 1 000, 5 000 et 10 000 roupies alors en circulation. L’objectif était de combattre les faux-monnayeurs. Même si une rumeur provoqua une certaine panique en annonçant le retrait des billets de 100 roupies, beaucoup plus utilisés, ce qui s’avérera une fake news, cette démonétisation affecta peu une population n’utilisant pas, dans sa très grande majorité, de coupures à dénomination aussi élevée. Quelques années plus tard, Chintaman Dwarakanath Deshmukh, gouverneur de la RBI de 1943 à 1949, déclara qu’il s’était plus agi d’une conversion que d’une démonétisation.


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(Lu 292 fois au 15 juin 2020)

Le processus de démonétisation en Inde

By Gian Paolo Caselli (translated by Julien Hautefort)


En peu d’années, de 2015 à 2017, le gouvernement indien a tenté de moderniser l’économie avec trois mesures législatives structurelles. La première mesure se proposait de moderniser le système de circulation monétaire à l’intérieur et introduisait dans le même temps une réforme fiscale qui unifiait le régime des impôts indirects en le soustrayant à la jurisprudence des États. Les deux autres mesures entendaient contraindre les citoyens à détenir moins de richesses en or ou en comptant. En novembre 2016, le gouvernement de New Delhi a éliminé la fonction de moyen d’échange des billets les plus répandus, ceux de 500 et 1 000 roupies de la série Mahatma Gandhi. Le 8 à minuit ces billets furent mis hors circulation et remplacés par de nouveaux billets de 500 et 2 000 roupies. Le but de la mesure était de faire lumière sur l’énorme quantité de ressources clandestines détenues en comptant.


Le Premier ministre, dans le discours où il annonçait le lancement de ce processus, déclarait ses objectifs : une démonétisation de l’économie en tant que « guerre contre la corruption, l’économie clandestine et le terrorisme qui portent des blessures à une économie en général du même coup affaiblie ». L’intention du gouvernement était d’empêcher l’utilisation des billets en question, vrais ou faux, qui servaient à financer des activités illégales ou même terroristes. L’opération était d’une grande importance car les deux billets représentaient 86% du comptant en circulation. L’Inde ayant un système fondé presque entièrement sur le comptant : de toutes les transactions seulement 20% s’y effectuent par la voie digitale ou bancaire, par comparaison avec les 40% dans d’autres grands pays comme le Brésil ou la Chine.


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(Lu 150 fois au 15 juin 2020)

La finance en Inde, objet d’expérimentations comportementales

By Jean-Michel Servet


Dans de nombreux pays, les pouvoirs publics encouragent une rapide extension de l’inclusion financière des populations par l’ouverture de comptes dans des établissements financiers. Cette politique est actuellement particulièrement forte en Inde avec le Pradhan mantri Mantri Jan-Dhan Yojana (ou Prime Minister’s People Money Scheme) proposé, en août 2014, par le gouvernement de Narendra Modi. Ce programme indien n’est exceptionnel que par son ampleur : 18 millions de comptes ont été ouverts en une semaine après son lancement ; plus de 155 millions en neuf mois. On peut toutefois relativiser cet apparent succès en relevant que les deux tiers des comptes ouverts seraient restés inactifs. Des exemples antérieurs peuvent être cités : en Afrique du Sud avec la Mzansi Initiative, en 2004 (six millions de comptes ouverts en quatre ans), et en Colombie, avec le Programa de Inversión Banca de la Oportunidades, en 2006. Des fondations privées soutiennent ce mouvement d’ampleur mondiale en faveur d’une large inclusion financière des populations notamment avec la Better than cash alliance.


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(Lu 165 fois au 15 juin 2020)

L’Inde est-elle une grande puissance ?

By Alain Lamballe


« L’Inde est-elle une grande puissance ? ». Il y a lieu en effet de s’interroger sur cette Inde qui nous interpelle, dont on parle de plus en plus mais moins que de la Chine il est vrai.

J’aborderai en première partie les forces de l’Inde susceptibles d’en faire une grande puissance et dans une seconde partie j’analyserai ses faiblesses qui pourraient l’empêcher d’en être une.

En conclusion nous ferons un bilan : l’Inde est-elle une grande puissance sur la scène mondiale ou l’est-elle seulement au niveau régional ? Qu’en sera-t-il à l’avenir plus ou moins lointain ?



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(Lu 207 fois au 15 juin 2020)

Le national-populisme hindou en diplomatie, ou la résilience d’une realpolitik

By Christophe Jaffrelot


Une forte interaction entre politique intérieure et politique extérieure est inhérente à la stratégie des national-populistes. Ceux-ci cherchent en effet à tirer partie de leurs initiatives internationales sur la scène domestique pour alimenter leur popularité. Ces initiatives sont souvent frappées au coin d’un nationalisme riche en coups de menton : la propagande officielle se nourrit ainsi, non seulement d’« exploits » diplomatiques et militaires, mais aussi de leur mise en récit. Narendra Modi est passé maître dans l’art de cette narration sur un mode nationaliste hindou.


UN NATIONALISME INTERVENTIONNISTE EN RÉPONSE AUX PROVOCATIONS DU PAKISTAN

Il a été aidé en cela par l’attitude du Pakistan, l’ennemi – islamique – héréditaire de l’Inde. Alors que Modi avait réussi un coup en invitant le Premier ministre Nawaz Sharif à sa cérémonie d’investiture en 2014, l’armée pakistanaise s’est employée à torpiller les pourparlers de paix en sous-traitant quelques attaques terroristes à des groupes islamistes dont elle est proche. En réponse à celle qui visa la base militaire de Pathankot (Punjab), en décembre 2015, Modi décida une « frappe chirurgicale » qui se traduisit par une incursion militaire à vocation punitive. De telles opérations avaient déjà eu lieu, sous le sceau du secret, en représailles à des attaques pakistanaises sous Manmohan Singh, le prédécesseur de Modi, mais ce dernier donna à l’opération de janvier 2016 une publicité visant à asseoir sa stature patriotique. Le BJP présenta Modi comme un héros guerrier sur des affiches marquées « surgical strikes » lors des élections régionales en Uttar Pradesh un an plus tard.


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(Lu 259 fois au 15 juin 2020)

Montée des tensions religieuses et gouvernance de la droite hindoue

By Mujibur Rehman (translated by Sébastien Goulard)


Depuis l’arrivée au pouvoir du Bharatiya Janata Party quand il l’a emporté aux élections parlementaires de 2014 et lors de multiples scrutins qui ont suivi dans les États, la fréquence des tensions religieuses et des émeutes s’est amplifiée. Alors que les victoires électorales ont élargi et consolidé la base sociale du BJP, des craintes authentiques se font jour : semblable expansion ne va-t-elle pas renforcer les violences entre hindous et musulmans de même qu’entre hindous et chrétiens. Des leaders des deux communautés musulmane et chrétienne ont régulièrement exprimé leurs préoccupations quant à la violence des déclarations, un phénomène sans précédent. Selon l’Annual Report of the India’s Ministry of Home Affairs, on dénombre, en 2017-2018, 822 incidents intercommunautaires : 111 personnes tuées et 2 384 blessées. Certains observateurs ont argué qu’il y avait là un résultat de la politique de polarisation menée par le BJP en tant que parti et poursuivie depuis plusieurs années. Pareille stratégie ayant tout à fait servi ses intérêts. L’Economic Times a publié un rapport intitulé « BJP Gains After Every Riot, Says the Yale Study ».

Ce document est fondé sur les travaux d’un groupe de jeunes politistes, Do Parties Matter for Ethnic Violence ? Evidence from India, par Gareth Nellis, Michael Weaver et Steven Rosenzweig.


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(Lu 195 fois au 15 juin 2020)

L’enjeu séculariste en Inde

By Apratim Mukarji (translated by Sébastien Goulard)


L’Inde a assisté à une polarisation accélérée de sa société depuis que le gouvernement de Narendra Modi est arrivé au pouvoir en mai 2014. Le sécularisme, soit l’un des principes directeurs de la Constitution de l’Inde, s’est trouvé confronté à un dur assaut des forces de l’hindutva actuellement installée dans des structures de pouvoir qui méritèrent naguère la qualification suivante : « L’harmonie religieuse fait la force de l’Inde ».


Ces forces, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement ont réclamé à grands cris la suppression du terme de « séculier » du Préambule de la Constitution. À part cette démarche, d’autres développements ont créé une atmosphère d’exclusion des soi-disant « étrangers » et de promotion de la culture/de l’histoire « authentiques » de l’Inde. Par conséquent, jamais les communautés minoritaires, en particulier les musulmans et les chrétiens, ne se sont senties aussi peu en sécurité depuis l’indépendance en 1947.Un ancien vice-président, Hamid Ansari, a fait face en 2017 à une campagne de diffamation menée par le Bharatiya Janata Party (BJP) et le gouvernement de Narendra Modi, immédiatement après sa démission de son poste à la fin de l’année dernière pour avoir attiré l’attention sur cette tendance accusée dans le pays : le fait que nous soyons une société plurielle n’est pas un sujet de débat... Plus de 4 600 communautés vivent en Inde dans leur diversité de langue, de foi, de nourriture, de vêtements, de style de vie et autres caractéristiques. Le problème est aujourd’hui de savoir si l’État respecte ou non les principes de la Constitution. Le dialogue sur la religion a toujours existé dans ce pays et il continuera d’exister... Mais ce dialogue ne sera fructueux que si la sécurité physique est assurée... Le sécularisme n’est pas mort, mais il est absolument soumis à des pressions. Voilà à quoi nous devons nous confronter collectivement en tant que citoyens ».


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(Lu 227 fois au 15 juin 2020)

Narendra Modi ou la variante hindou du national-populisme

By Christophe Jaffrelot


Définir le populisme n’est pas chose aisée et c’est pourquoi il est tentant de dire d’abord ce qu’il n’est pas. De ce point de vue, sa terminaison en « isme » est trompeuse car ce n’est pas une idéologie : il n’est par exemple ni de droite ni de gauche. Il s’agit avant tout, pour reprendre la formule de Pierre-André Taguieff, d’un style politique qui, dans l’histoire – des narodniki russes à Podemos en passant par le « People’s Party » des fermiers américains –, a embrassé les contours de toutes sortes d’idéologies. Cet « isme » se définit par d’autres traits. Les populistes prétendent d’abord – d’où leur nom ! – incarner le peuple. Cette prétention leur donne une légitimité supérieure aux institutions quelles qu’elles soient. Dès les années 1950, le grand sociologue Edward Shils disait des populistes qu’ils présentaient la volonté du peuple comme supérieure aux institutions et à celle des groupes sociaux (dont ils ignorent d’ailleurs l’existence) ; pour Shils « Le populisme assimile la volonté du peuple à la justice et à la morale ».

Les populistes nient en effet le pluralisme, car le peuple ne saurait être qu’un, comme l’a souligné récemment Jan-Werner Müller. D’où leur tendance à disqualifier leurs adversaires, voire à rejeter la démocratie reposant sur le multipartisme. La plupart du temps, cet « isme » implique au demeurant une forte concentration du pouvoir liée à son extrême personnalisation : le leader populiste entre directement en relation avec son peuple, court-circuitant sa propre formation politique et toutes les institutions en général.


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(171 fois lus au 15 juin 2020)

La démocratie indienne

By Isabelle Milbert


En période électorale, l’atmosphère est surchauffée dans les trains et les bus indiens : discussions et altercations entre voyageurs témoignent de leur force de conviction et de la cote de popularité des différents candidats. Dans les bidonvilles, certains supporters sont prêts à en découdre, et, programme des candidats en main, décrivent avec passion pourquoi il est indispensable de voter pour tel ou tel. Le jour des élections, ils attendront patiemment, parfois des heures sous le soleil, pour aller voter. La démocratie, durement conquise dans le cadre de l’accès à l’Indépendance en 1947, est considérée par tous les Indiens comme une victoire, un acquis essentiel légué par les pères de l’Indépendance, un système qui protège l’Inde des guerres civiles, fractures et dérives brutales de leaders autoritaires qu’ont connu ses voisins de l’Asie du Sud. La démocratie est donc fortement ancrée dans la culture politique de l’Inde, avec des modalités de fonctionnement souvent originales. Tandis que scandales, critiques et remises en cause sont venus ternir l’image de nombreux élus et institutions, des forces de renouvellement surgissent et témoignent de la vitalité du système politique indien.



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(178 fois lus au 15 juin 2020)

L’échec des hérodiens en Inde ?

By Nunziante Mastrolia (translated by Gerz Reich)


De ne tenir compte que des forces de nature politique, économique, militaire et technologique, les analystes des scénarios internationaux risquent de ne pas saisir un aspect très important et utile pour comprendre ce qui se passe actuellement.

D’autres forces puissantes, de fait, sont à l’oeuvre. Des forces de nature culturelle, psychologique et sociale qui sont en train de conditionner en profondeur des pays comme la Russie, la Turquie, la Chine et récemment aussi l’Inde.

Pour chercher à comprendre la nature et l’orientation de ces forces, il faut nécessairement se référer aux réflexions du grand historien britannique Arnold J. Toynbee et à ses études sur l’affrontement des civilisations, soit celui entre le monde et l’Occident, « l’événement capital de l’histoire moderne ».

Mais il convient avant tout d’appréhender, même de façon très rapide, les raisons du miracle occidental. Il peut sembler qu’il s’agisse d’un question d’une complexité unique, or ce n’est pas le cas : depuis que le voile de brume du marxisme a été balayé, il est plutôt facile d’y répondre.

La cause du miracle occidental se trouve dans la création – longue, lente et laborieuse – d’une structure institutionnelle particulière (phénomène déjà clair pour Polybe, puis pour Machiavel) qui a bridé l’arbitraire du pouvoir et protégé par la force du droit les libertés individuelles et l’autonomie du marché comme de la société civile à côté de l’État. Pareilles libertés et autonomies ont permis aux individus de donner libre cours à leur créativité, à leurs ambitions, à la libre quête du bonheur. Ce qui signifie que la source de la richesse occidentale, à rebours de la dyade marxienne, est due à une superstructure institutionnelle laquelle a protégé et nourri la liberté et avec elle la créativité et l’intelligence des êtres humains.


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(265 fois lus au 15 juin 2020)

Tuesday 9 June 2020

Maoïstes indiens : un échec attendu

By Ajai Sahni (translated by Sébastien Goulard)


Certains parleraient d’un demi-siècle de lutte ; d’autres d’un demi-siècle d’échecs. Actuellement les maoïstes se trouvent en déclin profond, et ce au bout de près de quatre décennies d’une violence déchaînée d’ampleur grandissante. Mais ils sont loin d’être vaincus. En effet, même en temps de défaite pitoyable – la quasi éradication de la révolte « naxalite » au début des années 1970 – ils ont démontré une extraordinaire capacité de résilience et de résurgence. L’État indien, qui plus est, a été lent à tirer des leçons des longues années de conflit avec ce mouvement idéologique, et il retombe facilement dans la torpeur et la négligence, la corruption et l’hybris dès lors que la menace semble reculer, toutefois temporairement.


Phénomène fondamental : tant l’État que les maoïstes sont enfermés dans une confrontation qui remonte aux économies de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle et demeurent obstinément aveugles à la transformation des réalités d’un nouvel ordre technologique, de la redondance progressive du travail humain, de l’explosion démographique incontrôlée et mondiale, des crises environnementales imminentes et complexes. Les dogmes du socialisme et du capitalisme – en particulier la philosophie qui perdure de la révolte violente à laquelle les maoïstes, acritiques, restent voués –, de même que le capitalisme prédateur embrassé par Delhi au tournant du millénaire, ont peu de signification pratique dans les mondes qui émergent aujourd’hui aux plans global et national. Significativement, les deux courants idéologiques – chacun revendiquant pour lui l’autorité « de la science » – sont essentiellement des systèmes de foi ; ils ont depuis des décennies ignoré les réalités incommodes et cherché à tordre le monde environnant afin de le faire entrer dans leurs dogmes.


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Curzon et le grand jeu anglo-russe en Asie Centrale : la puissance maritime britannique à l’épreuve de la terre

By Flavien Bardet


George Nathaniel Curzon parvint à la Vice-royauté de l’Inde britannique (1899-1905) à seulement 39 ans, ce qui fit de lui le second plus jeune Vice-roi de l’histoire après Lord Dalhousie (1847-1856), qui avait lui 36 ans lorsqu’il accéda à cette fonction. Élu aux Communes sur un siège conservateur, Curzon et son héritage en Inde firent l’objet d’âpres débats, alors même que son mandat de cinq ans à la Vice-royauté n’était pas achevé. Les Libéraux lui reprochèrent sa gestion catastrophique des famines de 1899-1900 qui coûtèrent la vie à quasiment 1 250 000 Indiens, sa politique fiscale, tout autant que ses choix budgétaires voire même sa personnalité. Son jeune âge non moins que sa soif de pouvoir et son désir de marquer de son empreinte son passage en Inde, associés à une forme de conscience de classe extrêmement prégnante firent de Curzon, pour une partie de l’ancienne garde restée fidèle aux idéaux libéraux de Gladstone, un « arriviste » arrogant et vaniteux menant une politique impériale contraire à la tradition britannique de l’indirect rule officialisée depuis le début du XIXe siècle.


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Adorno en Inde - un réexamen de la psychologie du fascisme

By Ashis Nandy (translated by Livio Boni)


Vingt-cinq ans, c’est déjà un temps long dans les sciences sociales. En ligne générale, les sciences de l’homme en société sont caractérisées par une masse non-cumulative de données et par une multiplicité de paradigmes théoriques. Les idées, dans ce champ, constituent un flux continu, et les livres, tout comme les auteurs ou les écoles, finissent vite datés.

Il faut mettre au crédit de Theodor W. Adorno et de ses associés le fait que, à peu près trois décennies après sa rédaction, leur étude sur la personnalité autoritaire continue de servir comme base fondamentale pour toute nouvelle tentative, théorique ou méthodologique, d’aborder ce problème. Il est vrai que certaines études empiriques ont révélé une série de lacunes dans ce travail, et que la plupart des références à ce dernier s’accompagnent désormais d’un certain nombre de commentaires critiques. Cela dit, il continue de représenter un ensemble de questions analytiques et normatives qui n’ont pas vraiment été dépassées par le progrès des sciences sociales. Du moins jusqu’à présent, aucun psychologue n’a émergé avec un modèle alternatif de description de la mentalité fasciste aussi exhaustif, complexe et subtil du point de vue philosophique.


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L’Inde face aux nouvelles routes de la Soie

By Sébastien Goulard


En 2013, le président chinois Xi Jinping lançait le projet de renaissance des routes de la Soie. Désigné tout d’abord sous le sigle d’Obor ("One Belt One Road"), puis sous celui de BRI ("Belt and Road Initiative"), ce programme vise à moderniser les infrastructures et à favoriser le commerce entre la Chine et le reste du monde. Dans un premier temps limitée aux échanges entre la Chine, l’Asie, l’Europe centrale et l’Afrique de l’Est, la BRI est aujourd’hui ouverte à l’ensemble des États sur tous les continents, comme en témoigne l’appel de Xi Jinping lancé à l’Amérique latine à rejoindre l’initiative lors du forum Chine-Celac (Communauté d’États latino-américains et caraïbes), en janvier 2018.


La communauté internationale semble approuver le principe de la BRI, malgré de très larges réserves quant à son financement, l’omniprésence des entreprises d’État chinoises ou le manque de réciprocité des échanges. À ce jour, peu d’États se sont déclarés hostiles aux nouvelles routes de la Soie chinoises. Les États-Unis de Donald Trump n’ont pas manifesté d’intérêt pour ce projet, et sont l’un des seuls pays développés à ne pas rejoindre la Banque Asiatique d’Investissements pour les Infrastructures inaugurée par la Chine en 2015. Le Japon, qui mène ses propres projets d’infrastructures en Asie centrale, reconsidère depuis novembre 2017 une éventuelle participation à l’initiative « Belt and Road ». Parmi les grandes puissances mondiales et asiatiques, seule l’Inde s’oppose toujours au projet chinois des nouvelles routes de la Soie, malgré les invitations répétées de Beijing. Le projet de corridor économique reliant la Chine à l’Inde, un élément important de l’initiative « Belt and Road » n’est d’ailleurs plus d’actualité. Les tensions entre la Chine et l’Inde à propos du plateau du Doklam à l’été 2017 ne sont pas l’unique raison de ce refus.


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulé, Nouvelle Delhi ? : L’Inde face aux nouvelles routes de la Soie

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Devant la montée en puissance de la Chine, le renforcement des liens entre l'Inde et l'Asean

By Anh Le Tran (translated by Laurent Amelot)


L’année 2017 a marqué le 25ème anniversaire du partenariat de dialogue entre l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) et l’Inde. Pour commémorer cette étape importante, l’Inde a invité fin janvier 2018 les dix dirigeants de l’Asean à assister à la célébration du 69e anniversaire du Jour de la République en tant qu’invités d’honneur. Cette initiative a suscité l’attention des observateurs spécialisés en politique étrangère et mis en lumière l’importance particulière de cette relation. L’Asean et l’Inde ont toujours entretenu de bons rapports, mais leurs liens pourraient être amenés à prendre, à l’avenir, une nouvelle dimension. En effet, le paysage géopolitique et économique de la région indo-pacifique évolue rapidement. La Chine y exerce de plus en plus son influence, ce qui incite les décideurs indiens et ceux de l’Asean à rechercher des moyens de renforcer leur coopération.

Avec la fin de la Guerre froide, l’Inde a amorcé, en 1991, la libéralisation de son économie, puis adopté, l’année suivante, en 1992, sa politique du « Regard vers l’Est » (Look East Policy) afin d’être présente plus activement dans la région la plus dynamique économiquement du monde, l’Asie, en particulier dans son sous-ensemble l’Asie du Sud-Est, à travers l’Asean. La même année, l’Inde est devenue un partenaire de dialogue sectoriel de l’Asean et, en 1995, elle est devenue un partenaire de dialogue à part entière. Depuis 2002, un sommet Asean-Inde est organisé chaque année. L’Inde a également coopéré étroitement avec l’Asean dans d’autres structures régionales, notamment le Sommet de l’Asie de l’Est, le Forum régional de l’Asean et la réunion des ministres de la Défense de l’Asean Plus.


Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre, intitulé, Nouvelle Delhi ? : Devant la montée en puissance de la Chine, le renforcement des liens entre l'Inde et l'Asean

(800 vues au 9 juin 2020)

Hervé Théry : Quelle géopolitique du Brésil sous Bolsonaro ?

"Cette vidéo offre une compréhension géopolitique maitrisée du Brésil et des dynamiques à l’œuvre. Croisant actualité, société et territoires, Hervé Théry présente le Brésil avec de nombreuses illustrations, de manière précise, nuancée et pédagogique [...]

Une conférence co-organisée, le 27 février 2020, par Diploweb.com et l’ADEA MRIAE de l’Université Paris I, en partenariat avec le Centre Géopolitique, au Centre de colloques du Campus Condorcet. Image et son : J. Rocques. Photos : P. Verluise et Arthur Devaux Moncel. Montage : J. Rocques et P. Verluise. Résumé pour Diploweb.com : J. Boucher".

(autorisation de Diploweb.com pour la diffusion de cette vidéo)


Étoile filante

Introduction du Pr Michel Korinman dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulée, Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale.


By Michel Korinman*


Avec l’élection, fin 2018, à la présidence de Jair Bolsonaro au Brésil, c’est un gros morceau de continent qui rejoint la géographie de la révolution mondiale en cours – Brexit, Trump, le gouvernement italien élu. Le Brésil, cinquième pays de monde par sa superficie, 8 514 877 km2 comparativement aux 20 010 600 km2 de l’Amérique latine, n’est dépassé à cet égard que par la Russie, le Canada, la Chine et les États-Unis ; en 2018 il était avec environ 208 millions d’habitants le 6e pays le plus peuplé du monde. C’est la quatrième démocratie et une des dix premières économies de la planète. Le tournant brésilien aura à coup sûr des conséquences géopolitiques majeures. Le ministre des Affaires étrangères du président brésilien, Ernesto Araújo, établit lui-même un lien avec la Ligue italienne par le biais d’une conception du monde et de l’Europe fondée sur les nations ; d’où une proximité passant par « la plus grande communauté italienne à l’étranger » (quelque 31 millions de Brésiliens descendants d’immigrants italiens), « un potentiel énorme » que représente fondamentalement Matteo Salvini avec lequel le gouvernement Bolsonaro a en commun une « approche patriotique » du monde ; Rome restant par ailleurs le centre historique de la culture occidentale qu’a en partage le Brésil. Proximité encore plus étroite, peut-être, aux pays souverainistes d’Europe de l’Est, Hongrie et Pologne, lesquels veulent résolument préserver les racines chrétiennes de l’Europe. Le tout à l’encontre d’un postmodernisme « mondialiste » et « sans âme » régnant sur des sociétés fragmentées et dépourvues de sentiments nationaux, voire inconscientes de leur histoire.

Pour lire la suite et l'intégralité de l'introduction publiée, en français, dans le numéro 56 de la revue Outre-Terre intitulé, Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale :  : Étoile filante

La version portugaise est disponible sur le site internet de la revue franco-brésilienne de géographie Confins : Estrela cadente


*Michel Korinman est professeur émérite, à Paris-Sorbonne, et directeur d’Outre-Terre, revue européenne de géopolitique. Il est notamment l’auteur de Quand l’Allemagne pensait le monde, Paris, Fayard et de Deutschland über alles. Le pangermanisme 1890-1945, Paris, Fayard.

L’Inde en (super)puissance

Introduction du Pr Michel Korinman dans le numéro double 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulée, Nouvelle Delhi ?


By Michel Korinman*, 15 December 2018


Splendide restitution de « géographèmes » chez Élisée Reclus :

« Dès l’origine des temps historiques, les Hindous connaissaient la vraie forme de la péninsule qu’ils habitent ; lorsque les géomètres de l’expédition d’Alexandre arrivèrent aux bords de l’Indus, les renseignements qu’on leur donna et qui furent confirmés plus tard aux ambassadeurs des rois de Syrie, leur permirent de dresser une carte parfaitement exacte dans ses contours généraux. D’après Érathostène, qui utilisa les données des explorateurs grecs, l’Inde a la forme d’un quadrilatère aux côtés inégaux, et la longueur qu’il donne à ces différents côtés coïncide, à peu de choses près, avec les véritables dimensions. Mais quoi que la régularité du pourtour de la Péninsule n’ait rien de géométrique, cependant le bel équilibre de la contrée, entre les deux mers qui la baignent à l’orient et à l’occident, et à la base des monts superbes qui la dominent au nord, devait entraîner les savants hindous à s’exagérer le rythme des formes extérieures de leur patrie. Dans la description que le sage Sandjaya fait de la terre des érudits ont cru comprendre que l’Hindoustan lui apparaissait sous la forme d’un triangle équilatéral parfaitement régulier, divisé en quatre triangles secondaires, égaux les uns aux autres ; mais dans le même récit Sandjaya compare aussi, plus poétiquement, quoique avec moins de justesse, le « cercle de la Djambou dvipa » à un disque de guerre, puis à un lotus à quatre pétales. Cette dernière comparaison entre le pays et la « fleur sacrée » est celle qui semble avoir été le plus communément acceptée et dont parlent les pèlerins bouddhistes venus de la Chine. Des astronomes du sixième siècle de l’ère vulgaire reprennent la figure du lotus pour diviser l’Inde en neuf parties, le centre de la fleur et les huit pétales, dont le nom a du reste plusieurs fois changé. Le monde entier était lui-même comparé à une fleur immense, formée, soit de quatre, soit de sept ou neuf dvipas, « îles » ou presqu’îles, disposées en cercles concentriques autour de Mérou, la « montagne d’or », où résident les dieux. Chacun de ces cercles de terres était entouré d’un océan formé par l’ornière du chariot de Priyavata ».
 Pour lire la suite et l'intégralité de l'introduction : L’Inde en (super)puissance


*Michel Korinman est professeur émérite, à Paris-Sorbonne, et directeur d’Outre-Terre, revue européenne de géopolitique. Il est notamment l’auteur de Quand l’Allemagne pensait le monde, Paris, Fayard et de Deutschland über alles. Le pangermanisme 1890-1945, Paris, Fayard.

(941 vues au 9 juin 2020)

"Outre-Terre" no. 54 - 55 : Nouvelle Delhi ?

Le numéro double 54 - 55 d'Outre-Terre, revue européenne de géopolitique, est sorti le 29 décembre 2018. Disponible en version numérique, la version papier/imprimée est, elle, disponible, sur commande, depuis février 2019.


(c) Ghazipur Ltd, London, UK. All Rights Reserved, 2019.
Pour commander la version papier : ghazipur.ltd@gmail.com


(c) Ghazipur Ltd, London, UK. All Rights Reserved, 2018.

Pour acheter la version numérique : Nouvelle Delhi ?

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"Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale" (Outre-Terre no. 56) disponible

Le dernier numéro de la revue Outre-Terre est disponible depuis août 2019. Comprenant quelque 300 pages et coordonné par Hervé Théry, directeur de recherche émérite au CNRS-Creda et professeur invité à l’Université de São Paulo, le numéro 56 s'intitule, Le Brésil et la révolution géopolitique mondiale. Vingt-deux auteurs brésiliens et étrangers ont contribué à ce numéro qui est disponible uniquement en version numérique. 

 


Le sommaire de ce numéro :


(1 396 vues au 9 juin 2020)

Geopolitics Event

Hervé Théry : Quelle géopolitique du Brésil sous Bolsonaro ?