Saturday 10 February 2024

RECOURS À LA FORCE, COERCITION ET DISSUASION DANS LA STRATÉGIE ISRAÉLIENNE : CONFUSION CONCEPTUELLE par Tewfik Hamel

Revue des affaires internationales et publiques d’Ottawa (RAIPO), vol. 1, no 2, Londres (R.-U.), Ghazipur, janvier 2024. ISSN 2977-1668 (Online/En ligne). www.ghazipur-publications.website.
Boutique : https://ghazipur.digital. © Ghazipur Ltd, 2024.

La leçon clé du lien entre politique et stratégie est que la bonne stratégie aura du mal à accomplir une politique délirante. Aucun génie opérationnel ne peut corriger des erreurs fondamentales dans le jugement politique. Lorsque le Pentagone a projeté le film La Bataille d'Alger après le 11 septembre 2001, il a manqué le point central du film. La politique du gouvernement français était que l'Algérie continuera de rester une possession française. Mais il est difficile de voir comment une meilleure stratégie aurait pu faire face aux problèmes politiques inhérents à la politique : la majorité des Algériennes et Algériens ne voulait pas faire partie d'un système colonial dans un monde post-colonial. Toute stratégie qui mettrait en oeuvre une telle politique s'appuierait inévitablement sur une force écrasante, et cette force s'est révélée si perturbatrice pour la politique intérieure française que Paris a finalement fini par abandonner l'Algérie pour sauver la France. Il en est ainsi pour Israël aujourd’hui. La leçon que les décideurs israéliens ont tirée était qu'une stratégie qui met l’accent sur la coercition, la dissuasion et même l'utilisation de la force écrasante est une bonne politique. Il est difficile d’envisager comment le recours à la force aveugle, la poursuite de la colonisation, le maintien d’un système d’apartheid et le refus d’un État palestinien pourraient améliorer la sécurité d’Israël sans facturer davantage la société israélienne et retourner contre elle l’opinion publique internationale. Chercher à résoudre militairement un problème dont l’issue est intrinsèquement politique est une erreur et les résultats des « erreurs politico-stratégiques » (pour reprendre A. Millett et W. Murray) sont désastreux. « Il est plus important de prendre des décisions correctes au niveau politique et stratégique qu'au niveau opérationnel et tactique. Les erreurs dans les opérations et tactiques peuvent être corrigées, mais les erreurs politiques et stratégiques vivent pour toujours. »

Article disponible ici.

Tewfik Hamel, Ph. D., est chercheur, enseignant, et formateur. Docteur en histoire militaire et études de défense de l'Université Paul-Valéry Montpellier 3 (France), il est chercheur associé au Conservatoire national des arts et métiers (France), à l’Institut d'études de géopolitiques appliqués (France), à l’Initiative pour la paix et la sécurité en Afrique (Sénégal), et à Idées-Afrique (Canada). Il intervient régulièrement dans la presse et les médias francophones et arabophones du Maghreb, et publie en français, anglais et arabe.


Mots-clés : Israël, stratégie israélienne, Palestine, coercition, dissuasion.

Cet article a été publié dans la Revue des affaires internationales et publiques d’Ottawa (RAIPO), vol. 1, no 2, Londres (R.-U.), Ghazipur, janvier 2024. ISSN 2977-1668 (Online/En ligne). 

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